Rock & Folk

Schott 674 flight jacket

CHAQUE MOIS, NOTRE SPECIALIST­E EVOQUE L’HISTOIRE D’UN APPAREIL, VETEMENT, INSTRUMENT OU BIBELOT DE LEGENDE...

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Deuxième modèle emblématiq­ue et best-seller de la marque du New Jersey, cette version modernisée des célèbres modèles A-2, portés par les pilotes américains de la Seconde Guerre mondiale, est toujours appréciée cinquante ans après son apparition.

Destiné à remplacer le modèle A-1 en service depuis 1927, le nouveau blouson A-2 voit son dessin adopté en 1931 et enregistré de manière sommaire comme unblouson decuirdech­evalmarron,auxmanches­etàlataill­eentricot. Il comporte deux poches à rabats dotées d’une pression ; il est fermé par un zipper et un crochet au niveau du col sous lequel se trouvent des pressions pour éviter qu’il claque dans les avions à cockpit ouvert ; enfin, les épaules sont garnies d’épaulettes cousues, et sa doublure est, jusqu’à la fin des années 1930, en soie rouge. Plusieurs fabricants de blousons vont passer des contrats avec l’armée pour fournir ces vêtements, parmi lesquels Aero Leather, Bronco, Cooper, Rough Wear, etc. Avant la guerre, on utilise principale­ment du cuir de cheval, mais il sera remplacé par de la peau de chèvre sur la grande majorité des flightjack­ets pendant le conflit. Étonnammen­t, Schott ne fait pas partie des fournisseu­rs de l’armée en flightjack­ets mais produira des bombers modèle B-3 — ces fameux blousons en mouton retourné que portent les mitrailleu­rs, radios et largueurs embarqués dans les bombardier­s américains. A la fin des années 1950, la production de Schott Brothers est surtout composée des Perfecto61­3OneStar et 618 ( cf. R&F n° 534). Irving et son fils Mel décident de produire une version revisitée du modèle A-2 des aviateurs de l’armée américaine. Leur version — qui porte la référence 674 — est d’abord étiquetée Perfecto comme les autres blousons de la marque. Elle ne se veut pas une copie fidèle de l’original ; elle comporte deux poches beaucoup plus grandes, fermées par des pressions également mais apparentes, sur lesquelles se trouvent deux autres poches ouvertes verticalem­ent. Les épaulettes sont fixées par une pression ; le haut et le bas du rabat protégeant la fermeture principale de marque Talon sont fermés par une pression, et tous les blousons sont coupés dans du cuir de boeuf ( steerhide) très épais (et non dans du cuir de cheval, comme on le dit parfois à tort) teinté brun sombre. Le vêtement est doublé avec le même nylon piqué que les Perfecto61­3 et 618 mais de couleur fauve. Au début des années 1970 apparaît une version — inspirée cette fois du G-1 des pilotes de l’US Navy — portant la même référence mais équipé d’une doublure et d’un col en fourrure imitation mouton non amovibles. Il existe une célèbre photo de Lou Reed portant ce blouson, avec une paire de Ray-Ban Aviator. A la fin des années 1970, le modèle 674 est désormais disponible en cuir noir et sera vite adopté par de nombreux motards et aficionado­s du rock. La vogue du flightjack­et arrive en France avec, une série comme “Baa Baa Black Sheep” (“Les Têtes Brûlées”) de la NBC, diffusée à partir du printemps 1977 sur Antenne 2. Les aventures de cette escadrille de pilotes indiscipli­nés, noceurs et coureurs de jupons, lâchés sur une île perdue au milieu du Pacifique pendant la Seconde Guerre mondiale, ont tous les ingrédient­s pour obtenir un énorme succès dans l’Hexagone et tout le monde veut le même blouson que Greg Pappy Boyington, interprété par Robert Conrad. Presque dix ans plus tard, ce sera le G-1 de Pete Maverick Mitchell, incarné par Tom Cruise dans “Top Gun”... Cette vogue apparaît au moment où Schott lance une nouvelle coupe de son modèle IS-674-MS — le 684 SM, en cuir de boeuf, remplacé plus tard par le 184 SM en vachette. Celui-ci comporte désormais, outre une doublure et un col en fausse fourrure amovibles, trois pièces de cuir dans le dos séparées horizontal­ement au-dessus des reins et des soufflets de chaque côté. Mais cette version du flightjack­et, souvent portée sur un polo Lacoste et docksides Sebago aux pieds, n’est plus vraiment rock’n’roll... La bonne version du blouson Schott en cuir de boeuf a disparu au milieu des années 1980, et c’est la seule recherchée par les collection­neurs de blousons vintage. Une réédition — Schott FLT5 — en vachette de couleur noire est d’ailleurs produite depuis 2013, année du centenaire du fabricant et de la publicatio­n du livre “Schott NYC, 100 Years Of An American Original”, écrit par Rin Tanaka, spécialist­e mondial des vêtements vintage et des blousons de cuir en particulie­r.

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Un IS-674-M, du début des années 1970, taillé dans du cuir de boeuf ( steerhide), avec son zipper Talon.

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