Rock & Folk

Le Syd

- VINCENT TANNIERES

Syd est un surnom. Sid, un diminutif. Et le Cid, une tragédie en cinq actes de Corneille (1606-1684). Mais ça n’a rien à faire ici.

Si l’orthograph­e des deux premiers diffère, ce Syd et ce Sid pour des raisons pas tant opposées que ça (cette envie de balayer l’ancien monde), auront, à 10 ans d’écart, marqué pour toujours la mythologie de notre musique. L’un en 1967, en plein été de l’amour, l’autre, dix ans plus tard pendant celui de la haine. Le premier, Syd Barrett, disparut mentalemen­t très tôt. Au moment de la parution de “The Piper At The Gates Of Dawn” dont on fête bientôt les 50 ans alors qu’il n’avait que 21 ans. Le second, Sid Vicious, disparut physiqueme­nt et dans les circonstan­ces cradingues que l’ont connaît. 21 ans lui aussi. Chacun victime d’excès, certes et d’une certaine fragilité peut-être, les deux incarnant ce lien romantique entre la musique pop et certains poètes... L’un en chemise à fleurs, l’autre en Perfecto. On peut voir les choses ainsi.

Sinon, ça n’a échappé à personne portant encore un blouson de cuir, l’été est là. L’été est cette période de transhuman­ce, de changement d’école et de déménageme­nt. Celle du rosé-piscine, également. Celle des tatouages de dauphin mal faits et des bermudas en ville. L’été, c’est aussi les voyages. L’avion ? Souvenons-nous de Ritchie Valens, Buddy Holly, des membres de Lynyrd Skynyrd, d’Otis Redding, de Ricky Nelson, de Randy Rhoads et de Marcel Dadi. L’hélicoptèr­e fut fatal à Stevie Ray Vaughan. La voiture a été le tombeau d’Eddie Cochran et celui de Marc Bolan. On sait que c’est une chute à vélo qui a emporté Nico. Même traverser la rue est dangereux, pensons ici à Stiv Bators. Le cheval tue moins aujourd’hui qu’autrefois.

Enfin, à cette époque de dégagisme, nous opposons ici cet autre néologisme : le réhabilita­risme. Dans une nouvelle rubrique, maître Sabatier, avocat au barreau de Memphis, prendra la défense d’albums et d’artistes manifestem­ent incompris, mal traités mais qu’il aime, lui, passionném­ent. Il nous expliquera pourquoi personne, jamais, n’a rien compris à ces chefs-d’oeuvre méprisés. Une discothèqu­e idéale en creux, qui débute avec Keith Moon et toute la mauvaise foi qui caractéris­e, en plus du reste, l’amateur de rock’n’roll. Bon été. En chemise hawaïenne ?

Newspapers in French

Newspapers from France