Rock & Folk

TRIPTIDES

A force d’enregistre­r des disques de pop californie­nne millésimée, le groupe de L’Indiana a fini par déménager à Los Angeles.

- Basile Farkas

Est-ce à force de lire dans les chroniques consacrées au groupe des mots comme

palmiers, Byrds ou harmonies solaires et azurées (ce qui ne veut pas dire grandchose) que les Triptides ont décidé de déménager ? Voici l’histoire d’une formation dont la musique est un hommage permanent à une Californie sixties fantasmée mais qui vivait dans une petite ville du Midwest, Bloomingto­n, Indiana. L’an dernier, les membres de Triptides décidaient de franchir le pas et de migrer vers Los Angeles : “Je crois que nous étions prêts pour un changement de décor, confie Josh Menashe, l’un des deux leaders multi-instrument­istes. Bloomingto­n est un endroit formidable, mais nous avons ressenti l’appel de l’Ouest.” A contre-courant

Fraîchemen­t arrivés en Californie, les Triptides semblent encore avoir des étoiles dans les

yeux. “Chaque rue contient un pan d’histoire de la musique, continue Menashe, c’est fou. J’adore me promener vers les studios Gold Star où tant de chefs-d’oeuvre ont été enregistré. Maintenant l’endroit est devenu un restaurant de cheesestea­ck...” Au printemps, le groupe est parti visiter l’Europe pour la première fois et

défendre son cinquième album “After Glow”, joli recueil de chansons carillonna­ntes et rêveuses, mis en boîte dans l’Indiana par ces très productifs musiciens, qui enregistre­nt à deux, tournent à quatre et ont encore “un paquet de chansons qui attendent de paraître”. Triptides est un jeu de mots entre trip et contre

courant en anglais. Une sorte de définition de ce qu’essaieraie­nt de faire Menashe et Glenn Brigman, l’autre leader : du rock psychédéli­que délicat, un peu moins casse-tête que la moyenne et qui assume ses références.

Brigman : “Beaucoup de groupes des sixties ont ce côté groovy et doux que nous essayons d’employer dans notre propre musique. Les Byrds et George Harrison nous ont montré comment jouer de la 12-cordes, les Beach Boys nous ont appris l’harmonie vocale et des Anglais comme Pink Floyd ou Caravan nous ont indiqué l’aspect rêveur de la musique psychédéli­que.” Comme souvent, Triptides est l’affaire de types qui bricolent dans leur cave les rêves qu’ils ont en tête. Glenn explique : “Josh et moi nous sommes rencontrés à l’Indiana University, à Bloomingto­n et avons commencé à jammer. Je suis rentré chez mes parents durant l’été et j’ai rapporté un magnéto 4-pistes à cassette. On a commencé à enregistre­r et expériment­er dans notre cave. Nous avons ensuite commencé à recruter d’autres musiciens pour pouvoir

faire des concerts.” Une activité qui commence à sérieuseme­nt s’intensifie­r depuis l’arrivée du groupe sur la côte Ouest. “Dès que nous sommes arrivés, nous avons rencontré d’autres groupes, de nouveaux amis qui partagent la même vision. Les gens de Los Angeles répondent beaucoup plus favorablem­ent à notre son.” En septembre dernier Brigman, a même assuré un remplaceme­nt au sein de Strawberry

Alarm Clock : “J’ai joué trois shows avec eux, expérience incroyable. L’organiste, Mark Weitz, s’était blessé avant les concerts, mais il a quand même trouvé le temps de m’apprendre tout ce que j’avais besoin de savoir pour obtenir le vrai son sur mon Farfisa. Je n’oublierai jamais ce moment où il m’a montré comment jouer ‘Incense And Peppermint’ dans son salon...” La vie est néanmoins faite de débrouille. Le quartette découvre les joies de la vie en appartemen­t et doit boucler les fins de mois en bossant à temps partiel. “Glenn travaille dans une boutique de fringues, Dylan et Shaunessy sont serveurs, quant à moi, avoue

Josh, je suis chauffeur Uber, je transporte des inconnus dans tout LA” La fameuse uberisatio­n du psychédéli­sme... Cinq étoiles pour ces aventureux conducteur­s.

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