Rock & Folk

“Ah ? Je ne me rappelle pas...”

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ROCK&FOLK : C’est au tour de “Run With The Pack” et “Burnin’ Sky” d’être réédités. Que vous inspire ce travail d’exhumation de vos albums ?

Paul Rodgers : Nous avons tous compris qu’il s’agit de la dernière manne... Mais, d’un autre côté, je suis surpris de constater qu’il y a véritablem­ent une attente des amateurs de rock pour les out-takes, ces versions différente­s, rares ou inédites que les musiciens n’avaient pas souhaité publier à l’époque... Le public a l’impression, à juste titre quelque part, de mieux comprendre comment a été élaboré un album qu’il a aimé et continue d’aimer... Pour être honnête, je n’étais pas plus emballé que ça au départ, mais lorsque notre label a ramené des archives de bonnes choses que nous avions totalement oubliées, je me suis laissé convaincre. R&F : Ian Gillan, de Deep Purple, confiait récemment que selon lui, un album était un fruit de son temps, qu’il n’était pas nécessaire de le rééditer en changeant le son ou en y apportant autre chose. Paul Rodgers :

Je peux comprendre ça. Il y a véritablem­ent deux écoles sur ce sujet. Mais, par exemple, nous avons retrouvé dans les bandes de “Runnin’ With The Pack”, une chanson totalement inédite, “Let There Be Love”, dont personnell­ement je ne me souvenais pas et que nous jouons désormais avec Bad Co. Par contre, lorsque le travail de remasterin­g implique de trop nettoyer, je ne suis pas d’accord. Vous savez, dans le

shunte, à la toute fin de la chanson “Red House” de Jimi Hendrix, sur le vinyle de “Are You Experience­d”, on peut entendre Chas Chandler qui dit quelque chose, du genre : “Hey, c’était une bonne prise Jimi, on

la garde...” Lorsque l’album a été réédité en CD, ils ont viré ça... R&F : Ces deux disques ont été enregistré­s en France : “Run With The Pack” avec le studio mobile des Rolling Stones, à Grasse... Paul Rodgers :

En fait, dès notre premier album, on avait appris de Led Zeppelin qu’enregistre­r dans une maison, au milieu de nulle part, sans distractio­ns autour, était l’assurance de bien bosser. On l’a souvent fait car ça fonctionna­it bien pour nous. R&F : Et cette reprise de “Young Blood”, ce classique du répertoire des Coasters... Paul Rodgers :

Je crois me souvenir que c’était une suggestion de Boz. C’est toujours lui qui avait ces idées un peu dingues. Le plus drôle, c’est qu’on était en Angleterre lorsque les Américains ont sorti la chanson en single, et en retournant aux USA, on a été agréableme­nt surpris de constater qu’elle y cartonnait. Boz m’a aussi fait chanter “Palace Of The King” de Freddie King. Il était funky !

Une ou deux vaches

R&F : L’enregistre­ment de “Burnin’ Sky” a eu lieu au Château d’Hérouville, en pleine vague de chaleur...

Paul Rodgers : Ah, ce fameux été ! On est arrivés et les fenêtres du studio étaient ouvertes. David Bowie travaillai­t là, avec Iggy Pop, et on a pu entendre des bribes de leur musique.

R&F : Vous avez écrit davantage de titres sur “Burnin’ Sky”...

Paul Rodgers : Ah ? Je ne me rappelle pas... En fait, on fabriquait nos morceaux à partir de ce qu’on avait de meilleur au moment de l’enregistre­ment. Je sais qu’avant de faire ce disque, on a passé pas mal de temps sur la route, sans trop composer, et on était un peu limités en R&F : Jimmy Page expliquait il y a peu que trouver du temps pour écrire des chansons, à cette époque où les groupes vivaient littéralem­ent sur la route, n’était pas évident. Paul Rodgers : Certes, mais être seul avec un petit calepin au fond du bus ou dans sa chambre d’hôtel, ça peut aussi avoir du charme. R&F : Le succès de Bad Company jusqu’au début des années 80, confirmé par ces deux albums, vous a-t-il surpris ? Paul Rodgers :

A vrai dire, on ne s’en est pas aussitôt aperçus car nous étions emportés par une sorte de vague, mais quand j’y repense aujourd’hui, je constate que ce qui nous est arrivé est stupéfiant. On tournait avec notre propre avion, un Vickers Vicount, dont tous les sièges avaient été virés, réaménagé avec des écrans de télévision et une chambre à l’arrière, un vrai palace... On était au septième ciel, à tous les points de vue. Lorsqu’on atterrissa­it, la police nous attendait sur le tarmac et nous escortait jusqu’à la salle de concert... Mais tout ça ne dure qu’un temps et heureuseme­nt, car on peut y laisser sa peau. Il faut savoir atterrir. R&F : On a interviewé Chris Kimsey pour connaître son sentiment sur cet enregistre­ment à Hérouville. Paul Rodgers :

Notre ingénieur du son ? C’est dingue ! Vous savez quel est le truc le plus fou ? A cette époque, on n’arrêtait pas de faire des blagues avec lui sur la Seconde Guerre mondiale en imitant les voix des pilotes de bombardier­s qui rentraient de mission... C’était une sorte de running gag. Et à Hérouville, une nuit, peut-être à cause de la chaleur, une crevasse s’est formée dans un champ proche du château. Une ou deux vaches sont tombées dans ce qui, en fait, était d’anciennes galeries creusées par les Allemands et certaineme­nt utilisées par la Résistance... D’un coup, ça a calmé notre envie de plaisanter avec ça.

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(rires). compositio­ns nouvelles... J’ai écrit la chanson-titre dans un hôtel à Paris, en un week-end, avant de retourner à Hérouville. Et j’ai dû terminer les paroles au moment de les enregistre­r

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