Rock & Folk

Black Lips

“Satan’s Graffiti Or God’s Art ?”

- BASILE FARKAS

A force de commenter leurs spectacula­ires concerts, ces grands moments de crétinerie où les rouleaux de papier toilette et les extincteur­s servent de cotillons, on en oublie l’essentiel. Les Black Lips d’Atlanta sont, aussi, un sacré bon groupe capable de trousser d’excellente­s chansons. “Underneath The Rainbow” était un peu pauvre en la matière ? Jared Swilley (chant, basse) et Cole Alexander (chant, guitare, mollards) retentent ce qu’ils avaient fait avec Mark Ronson pour “Arabia Mountain” : engager un producteur pop, ici Sean Lennon, susceptibl­e d’emmener ces sauvages vers des contrées plus élaborées. Comme Jay Reatard ou les Buzzcocks, les Black Lips sont des punks qui essaient de faire des choses sophistiqu­ées et mélodiques avec des moyens techniques limités. Le groupe retrouve ici un de ses anciens guitariste­s (Jack Hines), accueille un batteur correct (Oakley Munson) et surtout une saxophonis­te, Zumi Rosow, qui abonde en interventi­ons approximat­ives et donc parfaites, à situer quelque part entre les Sonics et une sirène de cargo en perdition. C’est le saxo crade et inquiétant des disques de Little Richards ou Link Wray qu’on entend et qui donne tout son sel à l’album. Saul Adamczewsk­i de Fat White Family participe également à la fête, apportant claviers, bongos et quelques bricoles sur une dizaine de titres. Souvent lugubre, touffu (car truffé d’intermèdes), “Satan’s Graffiti...” est l’album rock’n’roll malsain des Black Lips, où émergent quelques mémorables plages : la ballade déglinguée “Crystal Nights”, le martial “Occidental Front” (avec supplément cri primal de Yoko Ono), l’imparable “Can’t Hold On” ou cette reprise braillarde à souhait d’ “It Wont Be Long” des Beatles.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France