Girlpool
“Powerplant”
ANTI/PIAS
Avec “Before The World Was Big”, Girlpool avait sorti, voilà deux ans, un premier album d’une naïveté et d’une vulnérabilité confondantes qui avait ensorcelé bien des oreilles. Le duo folk punk féminin y dévoilait un son contemporain honnête qui évoquait pêle-mêle Big Star, The Moldy Peaches et Elliott Smith, et tranchait radicalement avec le reste de la production aseptisée. Girlpool, c’est surtout une histoire d’amitié entre Cleo Tucker et Harmony Tividad, deux filles qui ont des sentiments de leur âge et les évoquent avec la sagesse de femmes plus âgées, en se partageant toujours la guitare, la basse et les harmonies feutrées. Si pour ce second épisode, les copines se sont adjointes les services du batteur Miles Wintner et d’un autre guitariste, le groupe de Los Angeles a su garder son propre son DIY et les chansons mélancoliques idoines. Pas de changement révolutionnaire à l’horizon, mais tout de même... Moins introspectives et davantage équilibrées, les chansons de “Powerplant” se révèlent tout simplement plus rock. Percussive comme jamais, la dynamique s’en trouve changée, et Girlpool atteint ici son apogée créative (“123”, “It Gets More Blue”) en déversant des torrents de saturation qui viennent s’échouer sur les récifs d’une belle écriture acoustique (“Corner Store”, “Static Somewhere”). Leur son rêveur s’en trouve renforcé sans que cela affecte le moins du monde la qualité de chansons tranquillement intenses qui évoquent l’apathie, le découragement et l’amour. Si la dépression a de beaux moments devant elle, “Powerplant” offrira, en attendant les jours meilleurs, de quoi apaiser les plus atteints des coeurs brisés.