Steve Earle
“So You Wannabe An Outlaw”
WARNER
Après le fils, voici le père. La famille Earle est omniprésente, ces derniers temps. Ça n’a pas toujours été le cas (Steve et Justin Townes Earle sont tous deux rescapés de diverses addictions), on s’en félicite. Steve est revenu chez Warner, label sur lequel il a publié de grands disques comme “El Corazon”, sorti il y a tout juste vingt ans. Pour ce retour, il livre un album exceptionnel, hommage aux outlaws, ces hors-la-loi seventies de la country dont il poursuit l’héritage, en particulier le regretté Waylon Jennings, dont il révère le fondateur “Dreaming My Dreams”. Dès l’ironique morceau titre d’ouverture, chanté avec l’autre grand rebelle, le toujours sémillant Willie Nelson, le ton est donné : Telecaster acide en avant, mélange détonnant de country et de rock, et cette voix inimitable d’ours mal léché... Steve Earle n’est pas un gentil countryman réactionnaire. Plutôt, comme il se définit, un hardcore troubadour revenu de loin, qui se penche sur ses racines avec un son résolument rock’n’roll, celui de son groupe de toujours, les formidables Dukes. Ça cogne, ça frotte et ça gratte, avec cet inimitable mélange de guitares abrasives et d’instruments typiques du genre (violon, pedal steel) joués sur le fil du rasoir. Produit par Richard Bennett à Austin, l’album est une pure merveille de rock comme seuls certains Américains savent encore en faire. On est loin de l’americana de carte postale soft et geignarde distillé par des hipsters opportunistes. Earle joue et chante comme si sa vie en dépendait (écoutez l’écorché “Fixing To Die”, véritable descente aux enfers), pour la simple raison que sa vie en dépend réellement et qu’il ne sait pas faire autrement... Formidable.