The Deslondes
“Hurry Home”
NEW WEST
Ouvrir l’album par une ruade frénétique qui prenne l’auditeur à la gorge ? Pas vraiment le genre des Deslondes. Une mélodie de banjo placide comme les eaux du Mississippi en fin d’après midi, la voix bourrue et tendre de Riley Downing, quelques embellissements de piano et un refrain, superbe, en forme de bouffée d’air pur (“Muddy Water”). Les Deslondes, à dire vrai, ne font pas grand cas des conventions. Ce collectif de cinq songwriters/ multiinstrumentistes venus des quatre coins des Etats-Unis s’est relocalisé à la Nouvelle-Orléans, où il excelle aussi bien dans le rhythm’n’blues que dans la country, idiome plus rare en ces contrées. Point important : ces gusses savent trousser des chansons. Sobres et fignolées. Un trait de violon, une coulée de pedal steel, un contrepoint d’harmonica, une giclée de guitare électrique interviennent ici et là sur quelques mesures, toujours à bon escient, toujours pour servir le propos. Le premier album était un enchantement, celui-ci est du même tonneau, à quelques nuances près. Un peu de pur rock’n’roll (“Hurricane Shakedown”), un clin d’oeil à Hank Williams (“One Of These Lonely Mornings”), une ballade soul échevelée (“This Ain’t A Sad Song”) et, à nouveau, cette façon de sublimer la langueur, de l’atmosphère, des corps, en héritiers méticuleux d’un Bobby Charles. De multiples combinaisons de voix, également, qui rappellent l’éventail de The Band. Groupe démocratique, The Deslondes signent toutes leurs chansons collectivement, mais celles de Riley Downing (il les chante) se détachent, inexorablement, et révèlent un songwriter américain d’une immense finesse.