Rock & Folk

HIGH TIDE

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Issu de l’esprit brillant de Tony Hill, ancien de The Misunderst­ood, cette formation fait partie des plus grands crus en matière de psychédéli­sme lourd, à ranger non loin de Morgen. Elle se distinguai­t par un binôme inédit entre un guitariste sidérant et un violoniste prolixe, au service d’improvisat­ions virtuoses, à la rare sensibilit­é.

High Tide est intimement lié à l’un des plus fameux groupes pionniers du psychédéli­sme : The Misunderst­ood. Ces Californie­ns débarquent en 1965 à Londres et gagnent très vite le soutien du célèbre John Peel. Leurs concerts, portés sur les jams et agrémentés de light-shows, impression­nent les jeunes Pink Floyd, Syd Barrett en tête et The Move. On y trouve alors un génie absolu de la guitare slide (Glenn Ross Campbell) mais aussi Tony Hill, ex-docker recruté sur place qui a fait ses armes avec The Answers, groupe de reprises qui écumait les bases américaine­s en France et en Angleterre. Fontana s’empresse de leur faire signer un contrat, et publie un extraordin­aire premier single (“I Can Take You To The Sun”), coécrit par Tony Hill et le chanteur Rick Brown, bientôt suivi par la non moins fabuleuse “Children Of The Sun”. Cette ascension fulgurante se voit brisée par des problèmes de visa ainsi que le service militaire, qui rappelle Brown à son devoir. Tony Hill demeure donc seul à Londres, et passe un temps par le trio Turquoise, où il croise le futur David Bowie. Au début de l’année 1969, Tony Hill décide de fonder son propre quartette, High Tide, avec le violoniste Simon House, le bassiste Peter Pavli et le batteur Roger Hadden. Il se passe peu de temps avant qu’Apple Corps, la société des Beatles, ne les prenne sous son aile. Cette connexion leur permet de finalement signer avec Liberty, qui vient alors de sortir le premier album des Groundhogs. Rattaché à la scène hippie de Ladbroke Grove, High Tide devient l’une des valeurs sûres de l’undergroun­d et partage l’affiche avec Edgar Broughton Band ou un certain Group X, le futur Hawkwind. John Peel n’a pas la mémoire courte et promeut activement le groupe sur les ondes de BBC Radio 1. Il est alors temps de plancher sur un premier opus. L’enregistre­ment se passe aux studios Olympic de Barnes avec Denny Gerrard, qu’ils aident pour son propre “Sinister Morning”, album psyché folk influencé par Bob Dylan et le LSD 25, aujourd’hui très recherché. “Sea Shanties” sort en octobre 1969. Il démarre par le riff sinistre de “Futilist’s Lament”, qui pourrait presque passer pour du Black Sabbath et permet de découvrir le style unique et très imaginatif de Tony Hill à la guitare : débridé, scintillan­t, épileptiqu­e tout en restant ultra-mélodique, à la différence d’une bonne partie de ses contempora­ins qui versaient dans la virtuosité inutile. Sa voix est moins marquante, plutôt en retrait, avec un chant typé progressif. “Death Warm Up” signale la montée en puissance de l’autre élément hautement original du son de High Tide : le violon de Simon House, ici à la fois lancinant et influencé par la musique celtique, que l’on retrouvera aussi sur “Missing”. Soutenu par une rythmique tempétueus­e façon Who, l’ensemble est remarquabl­e. Les titres suivants sont plus construits, notamment “Walking Down Their Outlook”, où Simon House exécute une partition de génie, entre musique classique et psychédéli­sme. Cet excellent disque sort sous une magnifique pochette signée Paul Whitehead. Les critiques sont très positives, les ventes très correctes. Peu de temps après, High Tide est prié de retourner en studio pour un second opus. Cette fois, l’estimé George Chkiantz (Small Faces, Jimi Hendrix) est co-producteur tandis que Blind Faith répète dans la pièce voisine. Le disque, simplement nommé “High Tide”, parait en juin 1970. Il est moins heavy que le précédent, et compte seulement trois morceaux qui laissent toujours briller Simon House, tantôt dans un registre baroque (“The Joke”) tantôt oriental (“Blankman Cries Again”). Le passionnan­t troisième (et ultime) morceau, “Saneonymou­s” est divisé en plusieurs parties, avec une ligne de chant mélancoliq­ue suivie d’une longue et virtuose improvisat­ion lorgnant vers le jazz, facturant quatorze minutes au compteur. Le succès du disque est moindre et, pour compenser les pertes, Liberty concocte pour le groupe un exténuant planning. Simon House est le premier à lâcher prise, pour rejoindre Third Ear Band et contribuer à la bande originale du film “Macbeth” de Roman Polanski. En 1973, il intègre Hawkwind, puis reste un fidèle collaborat­eur de David Bowie. Les trois autres poursuiven­t tant bien que mal... Jusqu’à ce qu’Hadden se retrouve à l’hôpital à cause de troubles psychiatri­ques. C’est ensuite Peter Pavli qui s’évapore pour prêter main forte aux écrivains Michael Moorcock et Robert Calvert, qui ont réalisé quelques tentatives musicales. Tony Hill poursuit son chemin de son côté, avec son propre groupe (Tony Hill’s Fiction) et une version réaménagée de High Tide.

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