Flamenco
Bien davantage que l’univers des majors, celui de l’autoproduction est propice aux expérimentations les plus diverses et permet aux groupes d’oser s’aventurer
Dès l’introduction musclée relayée par une chorale virile, 1984 annonce fièrement la couleur. Dix ans après sa formation, le quatuor de Metz se réclame d’un punk rock anglophile qui n’entend faire aucune concession à l’air du temps mais se replonge avec délectation dans un courant musical qui a conquis ses lettres de noblesse avec Clash ou Stiff Little Fingers. Il tente d’en retrouver la magie initiale en conjuguant le goût de mélodies reprises en choeur à la pugnacité d’un rock de combat parfois teinté d’effluves reggae (“A Decade Of Pain”, Combat Rock ✆ 03.55.74.69.45, distribution rue St end hal ).
Douze ans après ses débuts, le quintette Les Chics Types rend hommage au rock lyonnais avec son cinquième album francophone : les deux premiers titres évoquent Starshooter car la voix ressemble à celle de Kent, et plusieurs invités locaux sont de la partie, notamment Jack Bon (ex-Ganafoul) et ses riffs de guitare. Mais le meilleur réside dans une musicalité affirmée, des arrangements très élaborés et quelques réussites flagrantes, telles que “L’Eveil”, une ballade baroque et allumée avec la voix poussée dans ses derniers retranchements (“Magnéto”, LesChicsTypes ✆ 06.61.33.70.92, distribution In ouïe ).
Venu du Finistère où il officie depuis 2014, Wicked sort du lot avec un second EP varié. Après une ouverture lancinante caractérisée par un son saturé et une ambiance post-rock, il excelle avec “You Can Die”, tout en retenue excitante, au diapason d’une voix en finesse, puis il déploie des talents plus fun avec “Everyday” qui débute pourtant comme une ballade acoustique guitarevoix. Adepte d’un blues-rock vintage et résolument anglophone, dans la lignée des Black Keys, le trio s’illustre par l’intensité de son répertoire et sa capacité à élaborer des atmosphères convaincantes (“Crawling Back”, Margoulins Productions ✆06.32.55.97.72).
Le nouvel EP en quatre ans du trio de l’Est Adam And The Madams laisse bien augurer du troisième album annoncé : non content d’expérimenter tous azimuts entre garage noisy, folk mutant et post-rock bricolo, il ose encadrer quatre compositions originales de deux classiques dont il propose des reprises iconoclastes, “Heroes” de David Bowie, ralenti et abordé avec une douceur traversée d’éclats et de stridences, et “Sister Ray” du Velvet Underground, transformé en une mélopée obsédante et psychédélique de seize minutes (“Almost”, Bloody Mary Music And Records ✆ 06.66.67.84.30).