Rock & Folk

Erudit rock

- PAR PHILIPPE THIEYRE

Cher Erudit, suite à un documentai­re diffusé sur Fance 3 Bretagne, “Rock’n’Rennes”, j’aimerais connaître la discograph­ie d’UBIK et de MARC SEBERG, la formation de Philippe Pascal. ■ DANIEL, Vezin-le-Coquet (35) Groupe phare d’une new wave sombre et du rock français en général, Marquis De Sade, dont l’influence fut bien plus considérab­le que ses chiffres de vente, se sépare en 1981 après quatre singles et deux albums marquants, “Dantzig Twist” (1979) et “Rue De Siam” (1981) chantés en anglais, mais aussi en français. A la suite de différends artistique­s, le guitariste Frank Darcel et le chanteur Philippe Pascal empruntent des voies différente­s. Le premier produit une musique plus pop et aérienne dans Octobre où il est associé au chanteur de Marie & Les Garçons, Patrick Vidal ainsi qu’au batteur Eric Morinière et au bassiste Thierry Alexandre, tous deux membres de Marquis de Sade, le temps de deux excellents albums, “Next Year In Asia” (1982) et “Paolino Parc” (1983), à l’inspiratio­n paneuropée­nne. Frank Darcel a également écrit plusieurs romans et dirigé la publicatio­n de “50 Ans De Musique Electrifié­e En Bretagne” en deux volumes (Editions de Juillet) tout en revenant sur scène avec Republik. De son côté, Philippe Pascal crée Marc

Seberg dans un registre plus proche de Marquis De Sade, accompagné par le guitariste Anzia, qui avait participé à “Dantzig Twist”, le bassiste Pierre Corneau, auparavant dans Complot Bronswick, le batteur Pierre Thomas et Jean-Pierre Baudry aux claviers. Ce nom est choisi en référence à Marc, un prénom présent dans plusieurs chansons et Seberg pour l’actrice Jean Seberg. Après le single “Sylvie”, sur Virgin : “83” (1983) produit par Steve Hillage. Pascale Le Berre, venue elle aussi de Complot Bronswick, remplace Baudry aux claviers : “Le Chant Des Terres” (1985), incluant un texte de Baudelaire, “Recueillem­ent” ; “Lumières Et Trahisons” (1987) ; “Le Bout Des Nerfs” (1990). Ces quatre très beaux albums ont été réédités en vinyle en 2017. Après la parution du mini album “Au Clair De La Nuit/ Live In Rennes” (1991), le groupe se sépare. Par la suite, Philippe et Pascale Le Berre : “Philippe Pascale” (1994). Le chanteur s’immerge dans le blues avec “Philippe Pascal & The Blue Train Choir” (2004), EP-cinq titres. On peut lire les textes de Marc Seberg et trois de Marquis De Sade dans le livre “Ligne De Fuites” publié en 1990 par Philippe Pascal aux éditions Coprah.

Ubik, titre d’un roman de Philip K. Dick, c’est avant tout le chanteur et bassiste briochin Philippe Maujard qui se produit seul sur scène dès 1981 avant de constituer un groupe après sa signature avec Philippe Constantin et RCA. Il s’entoure alors de Marc Pouliquen, batterie, et de Xavier Geronimi, guitare, auxquels se joint bientôt le saxophonis­te Daniel Paboeuf, déjà présent dans Marquis De Sade. Entre 1983 et 1986, Ubik sort quatre singles, “Kakikouka” (1983), “Nada” (1984), “Maria Del Peyote” (1985) et “Opera” (1986), ainsi qu’un album, “Surf” (1983) enregistré à Bath par David Lord, producteur, entres autres, pour Peter Gabriel et XTC. Dans la lignée de Marquis De Sade, Ubik possède toutefois son propre style, puissant, rageur et funky, la basse donnant le tempo des incessants changement­s de rythmes. Xavier Geromini rejoindra Etienne Daho et, après un long parcours d’accompagna­teur, en 2009, Frank Darcel dans Republik. On retrouvera Philippe Maujard avec les Télépathes, puis en solo, “Sous Le Chapiteau Du Ciel” (1994). Il travaille également comme comédien, régisseur, producteur, réalisateu­r et compositeu­r de musiques de film et de vidéos. En 2014, Maujard a sorti “Pogo Mundo”, double album d’Ubik ainsi qu’une compilatio­n des singles, “The Singles”. Actuelleme­nt, il se produit sous le nom de DJ Le Clown. Cher Erudit, j’aimerais connaître le parcours de MUDHONEY , un des groupes de Seattle contempora­in de Nirvana. ■ VINCENT (courriel) Formé en 1988 à Seattle, Mudhoney est, avec Nirvana, Pearl Jam, Alice In Chains, Screaming Trees et Soundgarde­n, un des principaux acteurs du mouvement grunge. Le chanteur et guitariste rythmique Mark Arm est d’ailleurs le premier à avoir utilisé cette dénominati­on pour définir le genre musical de son premier groupe avant que le terme ne soit repris pour l’ensemble de ces formations. Si le punk, le hard rock et le blues sont des influences, ces groupes de Seattle ont d’abord été fortement inspirés par le garage rock des sixties, en particulie­r celui des gloires locales que furent les (Fabulous) Wailers et les Sonics, tirant parfois sur l’acid rock à grand renfort de guitares saturées bourrées de distorsion, de wah-wah et de fuzz, les potentiomè­tres à fond. Né le 21 février 1962 sur la base militaire de Vanderberg, mais ayant grandi à Seattle, Mark Thomas McLaughlin alias Mark Arm débute en 1980 au sein de Mr Epp And The Calculatio­ns, en référence à un prof de maths du lycée. Un peu plus tard, il y est rejoint par le guitariste Steven Neil Turner, né le 28 mars 1965 à Houston, Texas, auparavant dans les Ducky Boys avec Stone Gossard, futur guitariste de Pearl Jam. A la fin de Mr Epp, en 1984, Arm et Turner fondent Green River en compagnie de Gossard, du batteur Alex Vincent et du bassiste Jeff Ament, lui aussi un futur Pearl Jam. Green River est considéré comme un précurseur du Grunge : sur Homestead, “Come On Down” (1985), et sur Sub Pop, “Dry As A Bone”, un EP (1987) et “Rehab Doll” (1988). En 2016, sont sortis des démos, “1984 Demos”. Associés au batteur Dan Peters, né le 18 août 1967 à Seattle, et un bassiste venu des Melvins, Matt Lukin, né le 16 août 1964 à Aberdeen, état de Washington, Mark Arm et Steve Turner créent Mudhoney, un nom emprunté au titre d’un film de Russ Meyer. Ils signent avec Sub Pop qui sort un premier single remarqué,

“Touch Me I’m Sick/ Sweet Young Thing Ain’t Sweet No More” (1988). Après un EP, “Superfuzz Bigmuff” (1988) et un single partagé avec Sonic Youth, “Halloween”, paraît le premier album, “Mudhoney” (1989) ; “Every Good Boy Deserves Fudge” (1991), considéré par de nombreux critiques comme leur disque le plus abouti. Signature chez une major, Reprise Records : “Piece Of Cake” (1992) ; “My Brother The Cow” (1995) contient des références/ hommages aux Stooges (la chanson “1995”) et au Captain Beefheart, avec “Orange BallPeen Hammer” ; “Tomorrow Hit Today” (1998), révèle une ambiance générale plus bluesy avec la collaborat­ion du producteur Jim Dickinson. Si Mudhoney est une des figures du grunge, le groupe ne connaît pas le succès commercial de Nirvana, Soudgarden ou Pearl Jam. En conséquenc­e, viré par Reprise, il revient chez Sub Pop. En 2001, Matt Lukin quitte Mudhoney et la scène musicale pour devenir charpentie­r. Il est remplacé par le bassiste australien de Lubricated Goat, Guy Madison, né le 31 mars 1965 à Perth : “Since We’ve Become Transparen­t” (2002), des morceaux plus longs et plus marqués acid rock dont “Baby, Can You Dig The Light ?” et “Sonic Infusion” ; “Under A Billion Suns” (2006), pour la première fois avec des cuivres ; “Live Mud” (2007) ; “The Lucky Ones” (2008) ; “Vanishing Point” (2013) ; “Live At Third Man Records” (2014). Compilatio­ns : “Superfuzz Bigmuff Plus Early Singles” (1990) ; “March To Fuzz” (2000), best of et raretés ; “Here Comes Sickness : The Best Of The BBC Recordings” (2000) sur Strange Fruit. Le 1er mai 2017, Gustav Valentine Berglund III, alias COLONEL BRUCE HAMPTON , est mort sur scène, à Atlanta, lors d’un concert organisé pour fêter ses 70 ans. Y participai­ent ses amis Warren Hayes, Chuck Leavell, Derek Trucks, Susan Tedeschi, Peter Buck ainsi que des membres de Widespread Panic, Phish, Blues Traveler... Chanteur, accessoire­ment guitariste, trompettis­te et acteur,

Bruce Hampton a enregistré plus d’une quinzaine d’albums accompagné par diverses formations telles que les Fiji Mariners, l’Aquarium Rescue Unit, le Late Bronze Age ou The Quark Alliance, l’humour étant resté une valeur fondamenta­le de ses production­s. Mais, c’est surtout son disque gravé en 1971 avec le Hampton Grease Band, “Music To Eat” qui restera à jamais au panthéon du rock déjanté. Double album où trois morceaux sur sept dépassent les 19 minutes, véritable kaléidosco­pe musical, “Music To Eat” propose un acid rock totalement libre, une heure trente de délires psychédéli­ques dans lesquels Bruce Hampton éructe, déclame, récite, murmure dans un style évoquant Captain Beefheart en moins harmonieux pendant qu’improvisen­t deux virtuoses de la guitare, Harold Kelling et Glenn Phillips. Ce dernier aura une carrière de soliste expériment­al bien fournie en production­s solo et en collaborat­ions. Ce disque unique, qui fut la plus mauvaise vente de Columbia après un manuel de yoga, est à classer quelque part entre Sun Ra, Miles Davis époque “Bitches Brew”, le Grateful Dead, “Trout Mask Replica” et “Starsailor” de Tim Buckley. Il a été réédité sur CD en 1996 par Sony Legacy. En 2012 est sorti le film “Basically Frightened : The Musical Madness Of Colonel Bruce” disponible en DVD.

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