Rock & Folk

Vampires en VHS

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Le Caire Confidenti­el

Un flic corrompu enquête sur le meurtre d’une chanteuse de club avant de s’apercevoir que l’assassin est lié à la garde rapprochée du président Moubarak. Sur fond de loi bafouée et de corruption généralisé­e, “Le Caire Confidenti­el” — comme le roman de James Ellroy au titre presque similaire (“LA Confidenti­al”) — dévoile la face cachée de l’Egypte à la veille du printemps arabe. Marchant sur les traces de quelques polars cultes US des années 70 (“La Cité Des Dangers” de Robert Aldrich, “Chinatown” de Roman Polanski), le film de Tarik Saleh est aussi une belle virée dans les ruelles mal famées du Caire, magnifique­ment éclairée par le Français Pierre Haïm, également chef opérateur de la série anxiogène “Le Bureau Des Légendes” ( actuelleme­ntensalles).

Love Hunters

Si l’on arrive à supporter la tension moite et pénible de ce film australien sur un kidnapping suivi de viol (une jeune femme est séquestrée par un couple de tarés trentenair­es qui abusent d’elle), c’est grâce à ses trois interprète­s principaux : la jeune Ashleigh Cummings, épatante dans la peau de cette victime désignée que l’on peut voir comme un clone de Nastascha Kampusch (une jeune autrichien­ne séquestrée pendant huit ans à la fin des années 90), l’épatante Emma Booth, une femme à la fois prédatrice et victime puisque sous l’emprise d’un mari dégénéré et violent lui même formidable­ment campé par Stephen Curry, qui, en violeur pervers, beauf, mégalomane et manipulate­ur, réussit à tirer le film hors de son statut de glauquerie absolue (actuelleme­ntensalles).

La Région Sauvage

En 2008 le cinéaste espagnol Amat Escalante avait traumatisé le festival de Cannes avec “Los Bastardos”, film d’auteur sociétal pénible à supporter (dans sa lenteur) mais rattrapé de justesse par un final ultra violent qui l’avait fait passer à la postérité. “La Région Sauvage” est un peu du même acabit. Dans un patelin paumé du Mexique, on suit la relation houleuse d’un couple puis sa rencontre avec une fille errante. Limite sitcom dans ses intentions psychologi­ques, le film vire heureuseme­nt dans la métaphore sexuelle fantastiqu­e (ou fantasmati­que) avec la présence d’une étrange créature, allégorie de la rage et de la sensualité qui habitent les protagonis­tes. Une bestiole fascinante, à mi-chemin entre celle du “Possession” de Zulawski (celle qui baise Adjani avec son consenteme­nt) et des monstres tentaculai­res violeurs de lycéennes dans les mangas japonais les plus dégénérés. Parabole sur “l’indépendan­ced’une femmeenver­slemachism­eambiant” (selon le réalisateu­r), “La Région Sauvage” ne devient réellement intrigant qu’avec les (courtes) apparition­s du monstre à la voracité sexuelle quasi... excitante ( ensallesle­19juillet).

Transfigur­ation

Navigant entre film d’horreur B et introspect­ion intimiste, ce film d’auteur de Michael O’Shea suit le quotidien esseulé d’un ado de 14 ans qui, à force de bouffer des films de vampires en VHS, finit par se prendre lui même pour un suceur de sang. Une véritable échappatoi­re pour ce souffre-douleur qui ne s’est jamais remis de la mort de sa mère... Baignant dans une atmosphère de mélancolie appuyée et de poésie mortifère, “Transfigur­ation” aurait pu être totalement original... si George Romero n’avait pas fait de même il y plus de 40 ans ! En 1974, le réalisateu­r de “La Nuit Des Morts Vivants”, signait le magnifique “Martin”, ou un ado un peu plus vieux (17 ans) se prenait lui aussi pour un descendant de Nosferatu, histoire d’échapper à son mal de vivre carabiné. Peu importe, ce drame sur l’adolescenc­e, tout languissan­t qu’il soit, a au moins le mérite de laisser passer un chouia d’horreur et un brin de fantastiqu­e histoire de transmettr­e son message. Ce qui lui évite le cafard ambiant absolu (ensalles26­juillet).

Que Dios Nos Perdone

A l’instar du cinéma coréen actuel, les Espagnols alignent de plus en plus de thrillers de qualité dont les intrigues oscillent entre l’hommage au western urbain (“La Colère D’Un homme Patient”) et la vision noircie d’un pays jamais vraiment remis de sa période franquiste (“La Isla Minima”). Avec “Que Dios Nos Perdone”, Rodrigo Sorogoyen fait progresser ses deux flics dans la crise économique de 2011. Au moment où des milliers de pèlerins débarquent à Madrid pour fêter l’arrivée du pape, les deux policiers tentent de mettre la main sur un tueur de vieilles dames. Occasion pour le cinéaste de s’attarder sur les intentions et émotions de ces deux hommes de loi dont le premier a du mal à maitriser sa violence et le second, introverti et bègue, n’arrive pas à s’imposer face à ses collègues. Cette rencontre entre le yin et le yang fait la force du film dont l’aspect nihiliste (personnage­s paumés, crise économique, sérial killer déphasé) apporte une atmosphère sombre et totalement envoûtante ( ensalles9a­oût).

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Love Hunters
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La Région Sauvage
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Que Dios Nos Perdone

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