Rock & Folk

El Marginal

Les films de prison sont un peu comme les films de sous-marin :

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systématiq­uement tendus, joyeusemen­t étouffants, toujours distrayant­s. Comme si retrouver un condensé d’humanité dans un lieu clos permettait au spectateur de s’identifier d’avantage à certains personnage­s. Un bon plan pour les grandes stars du septième art qui se sont toutes retrouvées un jour ou l’autre derrière les barreaux. De Clint Eastwood dans “L’Evadé D’Alcatraz” à Steve McQueen dans “Papillon” en passant par Sean Penn (“Bad Boys”), Sean Connery (“La Colline Des Hommes Perdus”), Jean Gabin (“La Grande Illusion”), Sylvester Stallone (“Haute Sécurité”) ou Paul Newman (“Luke La Main Froide”). Voire Richard Berry-qui-se-la-pète (“L’Addition”) et Sophie Marceau-seins-nus (“La Taularde”). Age d’or du feuilleton télé aidant, le genre s’est attaqué au petit écran avec de remarquabl­es séries taulardes sur fond de descente aux enfers et de repli sur soi. Voir “Oz”, “Orange Is The New Black” ou le plus mainstream “Prison Break” revenu récemment après sept ans d’absence avec une nouvelle saison aussi inutile que roborative. Plutôt que cette dernière, mieux vaut donc aller scruter du côté argentin. Boosté par la bonne qualité de films qui se sont récemment exportés dans le monde entier (comme “Les Nouveaux Sauvages” qui retrouve l’esprit de la comédie italienne acide des années 70 ou “Dans Ses Yeux”, mélo/ thriller intensif récompensé par l’Oscar du meilleur film étranger), l’Argentine commence aussi à assurer côté séries. Grand prix au festival Séries Mania 2016 sous présidence du grand David Chase, le créateur de “The Sopranos” (la meilleure série du monde. Avec “Plus Belle La Vie”, bien sûr !), “El Marginal” a scotché son monde. Car, à la différence d’ “Oz” et “Prison Break” qui jouent tous deux avec les codes des films de prison façon série B, “El Marginal” ancre chacun de ses épisodes dans un réalisme immersif. Si le postulat de base est assez simpliste (un ex-flic devenu taulard accepte, pour retrouver la liberté, d’infiltrer un gang dans une prison-favela afin de retrouver la fille d’un juge kidnappée), le traitement, lui, est un peu différent. Tout en retrouvant les grands moments inhérents au genre (règlements de compte sous les douches, assassinat à l’arrache, trafic en tout genre, guerre de clans, machisme ambiant), “El Marginal” se permet d’étranges apartés humoristiq­ues avec une galerie de prisonnier­s barrés (dont un nain agressif) qui, pour beaucoup, semblent sortir d’une veille comédie socialo/ anar de Jean-Pierre Mocky. Mais en version misère humaine. “El Marginal” fonctionne aussi et surtout sur sa crudité naturalist­e. Comme si, à l’instar d’autres grands films de prison des années 70/ 80 (l’anglais “Scum” d’Alan Clarke, le brésilien “Pixote” d’Héctor Babenco), on se retrouvait au coeur d’un documentai­re pris sur le vif. Sans échappatoi­re. Et avec un ultime épisode comme seule porte de sortie. ( Endiffusio­nchaquelun­disurCanal+)

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