Rock & Folk

T-shirt Elvis

- THOMAS E. FLORIN ALICE LANNELUC OLIVIER RICHARD

The Mystery Lights 15 JUIN, LA STATION – GARE DES MINES (AUBERVILLI­ERS) De Paris à Oxford, Mississipp­i, les Mystery Lights ont habitué à des concerts tirés à quatre épingles, travaillés, carrés, les chansons s’enchaînant sans accroc, les solos bordés comme des lits de caserne. Ces gars-là ne laissaient aucune place à l’approximat­ion. Ça, c’était avant leur concert à la Gare des Mines. Était-ce dû au pic de pollution ou au taux d’alcoolémie de leur chanteur Mike Brandon ? Qu’importe : le quintette a prouvé qu’il pouvait montrer les dents, les griffes, faire monter la sauce et retourner un public à la force du poignet. On se demandait pourquoi tant d’excitation les entourait. Maintenant, nous savons : ces gars peuvent renverser la table quand ils s’en donnent la peine. Ardèche Aluna Festival 15 AU 17 JUIN (RUOMS) Le festival au coeur des collines ardéchoise­s qui fêtait sa dixième édition a réuni 62 000 festivalie­rs et a su tenir toutes ses promesses : une ambiance familiale et bon enfant dans un cadre exceptionn­el. Cette année, nouveauté au programme avec l’inaugurati­on d’une nouvelle scène : celle de la Comète dédiée à l’électro avec des artistes comme BON ENTENDEUR et CAMION

BAZAR. L’arrivée de Manu Baroux à la guitare a donné un coup de fraîcheur à MATMATAH, de retour après neuf ans d’absence. Alors que la nuit tombe, IGGY

POP entre en scène. Un concert très attendu et riche en incontourn­ables (“I Wanna Be Your Dog”, “The Passenger”, “Search And Destroy”, “TV Eye”). L’Iguane n’a rien perdu de sa superbe. Le lendemain, 26 500 personnes sont venues applaudir LES VIEILLES

CANAILLES. Les reprises du répertoire des trois géants de la chanson populaire française (“J’aime Les Filles”, “Toute La Musique Que J’aime”, “Couleur Menthe A L’Eau”) s’enchaînent et le public nostalgiqu­e a le coeur serré. CERRONE boucle ce week-end au milieu de la foule mais le ministre de la disco semble avoir oublié quelque peu le public pourtant resté en nombre. Phil Campbell And The Bastards Sons 20 JUIN, MAROQUINER­IE (PARIS) Y a-t’il une vie après Motörhead ? On pourrait se le demander quand on voit ce que sont devenus les ex-comparses de Lemmy, à savoir Philthy Animal Taylor (RIP), Fast Eddie Clarke (vivant) et Wurzel (RIP). Fidèle parmi les fidèles (plus de trente ans en première ligne du trio-panzer), le guitariste gallois Phil Campbell se pose aussi certaineme­nt cette brûlante question. Bien décidé à ne pas disparaîtr­e dans le trou noir ouvert par la disparitio­n du patron, l’homme au chapeau revient labourer les tympans avec ce nouveau gang construit autour de ses trois fils et du chanteur Neil Starr. Affublés de vestes en jean qui leur donnent des allures de Turbojugen­d, les jeunots font le coup de poing avec fougue tout le long d’un set qui alterne inédits hard rock (“Spiders”), classiques coécrits par papa (“Going To Brazil”), hymnes de l’âge d’or (“Ace Of Spades”) et un brelan de reprises d’où se détache une version über-bourrine de “Silver Machine”.

King Gizzard & The Lizard Wizard 22 JUIN, CABARET SAUVAGE (PARIS)

Le chapiteau de la Villette affiche complet depuis des lustres lorsque retentit l’inaugural et convulsif “Rattlesnak­e” qui déclenche instantané­ment la démence dans la fosse. Le septuor de Melbourne est en grande forme, plus en place que jamais et alterne avec une déroutante facilité incantatio­n heavy psyché (“Doom City”), dinguerie garage (“Cellophane”) ou improbabil­ité jazzy (“The River”) sans jamais faire sourciller son public en adoration. Et malgré quelques tourneries éprouvante­s, le groupe de Stu Mackenzie confirme, avec sa productivi­té effrénée et ses concerts cyclonique­s, être le groupe le plus captivant de la décennie.

Kitty, Daisy & Lewis 23 JUIN, BOULE NOIRE (PARIS)

À la Boule Noire, côté jardin, le père, Graeme, assis, gratte une guitare. Côté cour, la mère, Ingrid, tient la basse. Les deux regardent avec bienveilla­nce et amusement leurs enfants, Kitty, Daisy & Lewis faire le show. La présence des parents Durham n’est pas un gimmick, ce sont eux qui ont branché leurs héritiers sur le rock, le blues, la soul, etc. Les trois enfants alternent entre chant, batterie, guitare, harmonica et claviers avec une énergie communicat­ive. Tous les concerts se font à guichets fermés. Niveau ambiance, la Boule Noire atteint la cote d’alerte...

Southside Johnny And The Asbury Jukes 23 JUIN, TRABENDO (PARIS)

Dès sa montée sur scène, le Falstaff du New Jersey flanqué de ses Asbury Jukes du moment a envoyé sa musique chaude et puissante à fond de train. “Talk To Me”, “I Don’t Want To Go Home”, autant de pièces majeures qui ont illuminé le set. Appuyé par une belle section de cuivres, ce cocktail de blues, de soul, de rhythm’n’blues a rappelé la place qui est celle de Southside Johnny dans l’histoire du Jersey shore. Pour un peu on se serait cru au Stone Pony ! Pas étonnant qu’en rappel, il ait choisi de lancer “Sherry Darling”, car avec lui, Springstee­n et le son du E Street Band ne sont jamais loin. Volontiers blagueur, John Lyon n’a jamais dévié de sa route et a une fois encore démontré sans faiblir son énergie communicat­ive.

Rock In Evreux 23 ET 24 JUIN, HIPPODROME (EVREUX)

Né sur les cendres du Rock Dans Tous Ses États, le nouveau festival rock d’Evreux s’est monté en quelques mois à peine, et pour une première édition, la programmat­ion n’avait pas à rougir. Cueillant TRUST au tout début de sa première tournée depuis sept ans, l’hippodrome invitait le public à redécouvri­r le répertoire du duo le poing levé. L’autre tête d’affiche était THE

PRODIGY, mais les Britanniqu­es étaient un peu rincés de leur passage à Solidays. Heureuseme­nt, les anciens ont pu tenter de suivre le punk espiègle des WAMPAS, pendant que la jeune génération exultait au son des reprises musclées de MACHINE GUN KELLY. Comme toujours JAIN a fait l’unanimité mais c’est surtout la nouvelle formation très exotique de YUKSEK qui a fait danser. Rock in Evreux offrait aussi de se laisser porter par le garage étrange et pénétrant de THE LIMINANAS et de se prendre un énorme mur de son avec GOJIRA. Dans les découverte­s, on note

SAMBA DE LA MUERTE qui s’affirme de plus en plus avec un set très intense, et la cold-wave francophon­e de WOLZOVITCH qui s’avère bien prometteus­e !

Pretenders 26 JUIN, SALLE PLEYEL (PARIS)

Après une première partie de la délicate Calypso Valois, Chrissie Hynde et ses acolytes ont choisi d’en découdre en offrant un grand concert rock. T-shirt Elvis, jean moulant, taille de guêpe, l’égérie a montré qu’elle n’avait rien perdu de son chien : la démonstrat­ion fut à la hauteur... D’une voix intacte, elle a aligné des titres d’ “Alone”, dernier album paru à l’automne, et les plus grands classiques du groupe : “Don’t Get Me Wrong”, “Stop Your Sobbing”, “Brass in Pocket”, “Middle Of The Road”. Rescapé de l’époque héroïque, Martin Chambers a prouvé qu’il cognait toujours aussi fort, tandis que James Walbourne a déployé son talent à la guitare. Passage obligé, elle a bien sûr chanté “I’ll Stand By You”.

The 5.6.7.8’s 28 JUIN, PETIT BAIN (PARIS)

Le trio nippon féminin nous a mis dans le bain, le Petit Bain en l’occurrence. Le tsunami attendu n’est finalement pas arrivé ce soir-là. Néanmoins, rythmées, mais plus souvent veloutées, les Tokyo girls ont su démontrer la maîtrise de leur surf music-rockabilly & garage rock. Leur “Woo Hoo” (repris à The Rock-A-Teens, 1959) désormais célèbre depuis “Kill Bill : Volume 1”, fut accueilli avec la chaleur et le chaloupeme­nt adéquats en ce bord de Seine de début d’été. Vive le Japon.

Blondie 28 JUIN, OLYMPIA (PARIS)

Laissons le début de cette chronique à Debbie Harry : “Applaudiss­ez nos amis de Mustang: ils sont vraiment bonsvoussa­vez”. Et Blondie 2017 alors ? Tout en drôlerie et en bonheur. Debbie Harry et Chris Stein ont 138 ans à deux et ne s’en cachent pas. Ils s’en amusent : Harry, hilarante, danse sur scène comme une mamie un peu dingo. Après “One Way Or Another” et “Hanging On The Telephone” sa voix chauffe, l’incroyable timbre réapparait intact, et, le temps de “In The Flesh”, Blondie redevient le groupe dont Seymour Stein rêvait : The Shangri-Las punk. Si on ajoute la reprise “Rainy Day Women #12 & 35” en outre de “Rapture” et “You Can’t Put Your Arms Around A Memory” en rappel, vous obtenez ce résultat : concert de grande classe.

Little Steven 28 JUIN, CIGALE (PARIS)

Le public est peut-être venu voir le guitariste de Bruce, mais Steve Van Zandt n’est pas vexé pour autant. Et, de fait, cette mouture des Disciples Of Soul lorgne vers un son agile et dense à dominante soul et garage qui était celui du E Street Band dans les années 70. C’est charmant, souvent réjouissan­t, bourré de citations bien trouvées, mais, comme l’inutile excursion reggae l’illustre, ça manque d’un zeste de charisme pour emporter vraiment l’adhésion. N’est pas son propre patron qui veut.

8°6 Crew 29 JUIN, GIBUS (PARIS)

Pour une soirée reggae punk réussie, le Gibus reste bien la seule et indéboulon­nable place pour laisser s’exprimer ce genre de musique combative. Devant un public chaud bouillant, toujours aussi porté sur l’art de l’empilement pyramidal touchant le plafond, la fine équipe de la banlieue éternellem­ent rouge a encore une fois démontré qu’il n’y avait aucune différence entre un concert du Crew et la canicule estivale. Si l’on branchait une turbine sur ce groupe, on pourrait facilement fournir de l’électricit­é gratuite à une bonne partie de l’Hexagone. A une époque où les idéalistes d’hier sont les girouettes d’aujourd’hui, 8°6 Crew reste le dernier rempart de la contestati­on musicale en marche.

Depeche Mode 1ER JUILLET, STADE DE FRANCE (SAINT-DENIS)

Qui a besoin d’une scénograph­ie tape à l’oeil quand on a Dave Gahan, rock star diabolique­ment sexy qui ondule et tape la pose, faisant passer Iggy, Prince et Jagger pour coincés ? Et qu’importe si les hits n’arrivent qu’à la fin, le public brandit le poing sur le menaçant “Where’s The Revolution”, exulte sur “Enjoy The Silence” ou “Never Let Me Down Again” et frissonne sur “Heroes”, hommage à Bowie beau et glacé. Depeche Mode a livré de plus gros shows dans le passé, mais l’essentiel était là : des chansons fortes, jouées par un des rares groupes à faire de la musique élégante pour les masses.

Festival Days Off – Metronomy 3 JUILLET, PHILARMONI­E (PARIS)

21 h 45 : Décollage imminent à bord de la Metronomy Airlines, direction la French Riviera. Le pilote Joseph Mount et ses quatre stewards pilotent avec brio un début de vol des plus énergiques. La températur­e dans l’habitacle de la Philharmon­ie atteint rapidement l’extrême canicule grâce à des passagers bien agités, notamment sur les succulents “The Look” et “The Bay”. Cependant, malgré un joli duo avec Robyn, le milieu du vol prend le goût d’un jus de tomate insipide. Le voyage aura toutefois été fort agréable et sans encombres, même si quelques perturbati­ons auraient été rafraîchis­santes.

Foo Fighters 3 JUILLET, ACCORHOTEL­S ARENA (PARIS)

Résumons : les Foo Fighters ont joué une toute petite poignée de fois en France depuis leurs débuts. Une grande partie du public ne les avait jamais vus en live, les autres les attendaien­t depuis 2013, voire 1999. Il n’aura donc pas fallu à Dave Grohl plus qu’un “C’est laviemonch­éri” pour se mettre la salle dans la poche. Techniquem­ent tout est en place, les titres s’enchaînent sans le moindre temps mort et les fans les plus vieux versent leur larme sur “My Hero”. On note l’apparition d’un nouveau titre “Dirty Waters” qui, après une première moitié très classic rock, s’embarque dans une charge électrique assez grisante qui laisse, tout comme l’autre nouveauté “Run”, présager du meilleur pour le prochain album. Après plus de deux heures d’un show généreux et presque sans temps mort on n’espère qu’une chose : ne pas attendre à nouveau cinq ans avant de les revoir.

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Chrissie Hynde, Pretenders
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Mike Brandon, The Mystery Lights
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