Rock & Folk

Queens Of The Stone Age

Une grammaire blues dans un cadre pop

- MATADOR/BEGGARS

Les Queens Of The Stone Age sont de retour et les sectaires aiguisent leurs griffes. La raison d’une telle méfiance ? “Villains” est produit pas Mark Ronson, dont le nom est plus souvent associé à des idoles pop satinées qu’à des groupes de rock en cuir. Ronson, fan avoué des Queens, est surtout un producteur tout terrain capable de tirer le meilleur de quiconque : Amy Winehouse pour le génial “Back To Black”, les Black Lips pour leur meilleur album, “Arabia Mountain”. La science du studio de l’Anglais n’est plus à prouver. Il en fait ici l’éclatant étalage. Sur “Villains”, Josh Homme resserre sa formation au strict minimum et ne s’embarrasse d’aucun invité. Fidèles au poste, Troy Van Leeuwen, Dean Fertita et Michael Schuman sont encadrés par Jon Theodore, récent batteur qui a la lourde responsabi­lité de passer après Dave Grohl et Joey Castillo. BabyDuck, surtout, se met ici en avant comme jamais. Il est, pour la première fois, clairement représenté sur cette pochette faustienne tandis que les premiers vers du morceau d’ouverture, “Feet Dont Fail Me”, sont carrément autobiogra­phiques :“Je suis né dans le désert, le 17 mai, en 1973.” Une intro grandiloqu­ente, puis un riff saturé mais aussi funky et bubblegum... on comprend pourquoi le Californie­n a confié les manettes à un éminent arrangeur de tubes. Les résultats sont là. “Villains” est un disque de rock aguicheur, tendu, qui sait jouer le chaud et le froid. Il attire dans ses alcôves veloutées comme une diseuse de bonne aventure invite dans une caravane mystique. La dynamique du duo Homme/ Ronson crève les enceintes en mélangeant violence et gimmicks pop, comme sur “The Way You Used To Do” où des guitares archi-saturées côtoient des handclaps très mambonumér­o5. C’est osé mais savoureux. Faiseur habile, Josh Homme, comme souvent, propulse une grammaire blues dans un cadre pop, mélange six-cordes à la ZZ Top et nappes de Moog (“Domesticat­ed Animals”). Si l’ensemble, en neuf titres, dévoile une salutaire concision, les Queens s’autorisent tout de même un certain nombre de fantaisies. Des synthétise­urs à foison, un entrelacs de guitares évidemment plus sophistiqu­é qu’il n’y paraît, de nombreux choeurs et un chant toujours sexy, cette qualité trop peu souvent citée chez Josh Homme. Ce dernier, bien sûr, n’a jamais été un rustre. Plutôt un expert du contraste, qui mélange à merveille subtilités et vrombissem­ents desertrock. En la matière, la pénultième plage, “The Evil Has Landed”, offre une bacchanale d’électricit­é avec doubles solos et shuffle sudiste, le grand titre à l’ancienne qui ravira les inquiets, ceux qui préfèrent “Songs For The Deaf” à “...Like Clockwork”. Le reste est une démonstrat­ion de maîtrise totale de son sujet par un Josh Homme en pleine possession de ses moyens et fermement décidé à le faire savoir.

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JONATHAN HUME

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