Albert King
“ON MY MERRY WAY – THE EARLIEST SESSIONS OF THE GUITAR KING 1954-1962” Jasmine
Bizarrement, un nombre étonnant de guitar heroes, comme on disait dans le temps, anglais (Eric Clapton, Peter Green) ou américains (Stevie Ray Vaughan), ont toujours avoué adorer les instrumentistes du blues les plus ennuyeux (il est vrai que copier Charlie Christian ou Cliff Gallup était un peu plus compliqué ; ça, seuls Jeff Beck ou Brian Setzer plus tard y arriveraient). Avec BB King, Albert du même nom remporte la palme de l’ennui : pas du genre fantasque comme Buddy Guy, ni inventif et supra nerveux comme Albert Collins, il fumait sa pipe et se contentait d’arpenter les cinq ou sept notes de sa gamme pentatonique dans tous les sens selon un rituel invariablement inchangé : on bende la corde de sa grasse Gibson comme un taureau à la deuxième mesure, et on ponctue chaque refrain chanté d’une suite de notes jamais surprenantes pour mieux enrober des morceaux toujours prévisibles. Sa voix très commune, comme celle de BB, achève d’endormir le client, même si ces premiers enregistrements sonnent limite hardcore punk en comparaison avec ceux qui allaient le rendre célèbre quelques années plus tard chez Stax. Vos paupières sont lourdes, etc. : on ne troquerait pas un seul morceau de Lightnin’ Hopkins contre les oeuvres complètes d’Albert.