Un pied dans le blues
Réjouissante curiosité, le blues revient que la plupart des huit sélectionnés du en force dans nos contrées. Un amour des mois (parmi quarante-trois arrivages à la racines de la musique afro-américaine rédaction) revendiquent expressément.
Pour son deuxième album anglophone en moins de deux ans, Automatic City poursuit de plus belle son immersion dans le blues et les sources du rockabilly. Le quatuor franco-brésilien, installé dans la région de Lyon, revisite à sa manière et avec une musicalité folle des morceaux de Willie Dixon, Chuck Berry, ou d’autres (mention spéciale pour “Crawfish” qu’il parvient à arracher à l’ombre d’Elvis), mais pousse le curseur du côté de compositions originales assez fascinantes, telles que “Spaced Out In The Sticks” en guise d’introduction à un voyage atemporel (“Bongoes And Tremoloes”, Stag-O-Lee ✆ 06.89.86.65.90).
Formé en Bretagne en 2013, le duo Show Aniki (qui devient quatuor pour l’enregistrement) se revendique du metal alternatif et publie le premier des quatre singles correspondant à un projet qui se poursuivra sur une année, au rythme d’une parution par trimestre et par saison. L’ouverture adopte le tempo rapide et des riffs qui n’auraient pas déplu à Lemmy de Motörhead à qui il rend hommage. Mais le second morceau, beaucoup plus long et planant, s’envole vers d’autres espaces sonores au fil d’un remix dub qui flirte avec l’electro (“CowboysFrom Breizh”, ShowAniki ✆ 06.73.18.65.21).
Il a fallu six ans à Olivier Delacroix pour enregistrer son premier album solo, lui qui fut autrefois le chanteur de Black Maria avant de rencontrer la notoriété en tant que journaliste à la télé. Il a écrit et composé les seize titres francophones qui ont été produits par le talentueux Dominic Sonic et enregistrés à la maison en préservant un aspect épuré et acoustique malgré l’intervention de divers musiciens. Personnage de caractère, il aime raconter des histoires souvent centrées sur le thème de l’amour, et il le fait avec une conviction qui minore quelques baisses de tension (“Amor”,Olivier Delacroix ✆ 06.76.48.09.05).
Impossible de résister au groove contagieux du nouvel album de Zozophonic Orchestra. Ce sextette est né du côté de Lyon il y a une dizaine d’années, au retour du chanteur/ guitariste d’un voyage initiatique de six ans aux USA, à la découverte du blues. Entouré de l’ancienne rythmique de Gnawa Diffusion, de cuivres alertes et de pointures du jazz, il élabore un “blues agricole urbain” qui revendique explicitement ses racines mais n’hésite pas à se moderniser et à se frotter au funk et au hip hop pour devenir un appel explicite à la danse (“ThatThing”, Grolektif ✆ 04.72.53.01.32, distributionL’AutreDistribution).
Un pied dans le blues, l’autre dans le grunge pour Dirty Deep. Ce groupe strasbourgeois qui célèbre la Louisiane sur le mode électrique et offensif, fut conçu en 2010 comme un projet solo par un chanteur/ multiinstrumentiste fan de Nirvana et de John Lee Hooker, avant d’évoluer en duo puis trio. Le nouvel album penche tantôt du côté du rock énervé (“How I Ride”), tantôt du côté blues (“Muddy Water”), et parvient parfois à une véritable osmose, à l’instar de “John The Revelator”, avec son ambiance poisseuse et son harmonica virevoltant (“What’s Flowin’ In My Veins”, Junk Food/DeathRock ✆ 06.86.37.48.72).
Deux ans après ses débuts, le duo Yellow Town (de Nevers) entérine ses choix musicaux avec son nouvel EP. “Ursa Major” donne le ton : voix évanescente, arpèges de guitare, atmosphère ouatée et ténébreuse, de l’intimisme et un certain dépouillement, puis soudain l’embrasement instrumental qui relativise l’impression première et révèle une passion des contrastes. Les quatre autres morceaux reproduisent cette alternance et ces variations d’intensité, au confluent d’un folk éthéré et d’un rock atmosphérique mais touffu (Shake Your Band ✆ 06.80.32.14.59).
Pour son premier album, le quatuor belge Little Hook privilégie des compositions originales fidèles à ses racines. Après une excellente intro instrumentale, “Drowning In My Own Tears” revendique une filiation blues et country qui relève de l’évidence à travers les guitares, l’harmonica et la voix (anglophone). La suite confirme cette impression en élargissant le spectre musical jusqu’au blues rock, au boogie et à la ballade, et ce malgré une tentative ratée qui lorgne du côté de la chanson française (“Naked”, DonorProductions ✆ 32.(0)2.3056441, distributionInakustik).
Depuis ses débuts en 2008, Black Cat Joe & Miss Corina (de Picardie) n’ont pas chômé puisqu’ils en sont déjà à leur sixième disque. Le duo mixte, composé d’un chanteur homme-orchestre et d’une joueuse de contrebassine, a toujours affiché ses racines : il met l’accent, au gré de ses enregistrements, sur sa fibre blues, rockabilly ou rhythm’n’blues et revendique fièrement être un groupe de reprises. Pour ce nouvel essai, il accentue son versant rock’n’roll groovy et revisite à sa manière le répertoire des Fabulous Thunderbirds (“Maximum Simplicity-MaximumGroove”, Kerozenprod ✆ 06.99.87.08.51). ❏