Rock & Folk

Jaïs Elalouf

Ce collection­neur d’affiches psychédéli­ques assidu, dévoilait une partie de ses trésors et ouvre un musée virtuel, prémice à la version réelle.

- JONATHAN WITT www.psychedeli­c.fr

On le sait, 2017 marque le demi-siècle du mouvement psychédéli­que et du fameux été de l’amour, qui a vu converger des milliers de hippies vers San Francisco, des fleurs dans les cheveux, pour former des communauté­s dans le quartier de Haight-Ashbury. La révolution ne fut pas que musicale, mais artistique, donnant lieu à une véritable explosion picturale aujourd’hui célébrée via une réjouissan­te exposition.

Lumière noire

C’est donc une célébratio­n de l’art psychédéli­que qui est proposée cet été à Paris, sous la houlette de Jaïs Elalouf, passionné du genre et dont la collection compte quelques quatre mille oeuvres. Il nous en narre la genèse : “J’ai commencé véritablem­ent la collection d’art en 2003. J’avais déjà plusieurs milliers de vinyles et CD. Je suis venu à collection­ner par la musique. Ado, dans les années 80, je trouvais ce qui passait sur les ondes d’une pauvreté sans nom quand je le comparais aux Doors, aux Beatles de 1966-70, aux Pink Floyd, Otis Redding, ELP, King Crimson, etc. J’adorais les pochettes aussi, et suite à une déception amoureuse, j’ai commencé à être atteint par une collection­nite aiguë, ce qui m’a poussé à trouver ces milliers d’oeuvres aux quatre coins du monde. J’ai donné en effet près de 500 performanc­es audiovisue­lles et DJ sets sous le nom de Oof, dans 40 pays avec l’obsession de réunir et documenter ce qui avait un trait au surréalism­e, à la spirituali­té, aux couleurs vives et aux différents niveaux de lecture. La pièce dont je suis le plus fier est une oeuvre d’art cinétique d’Alberto Biasi, je lui ai couru après pendant sept ans.” On trouve ainsi un premier aperçu de cette gigantesqu­e collection au Hang’art, coquet restaurant au bord du bassin de la Villette. Il s’agit d’une exposition regroupant cinquante posters et estampes psychédéli­ques, sous l’angle de l’amour et des sixties. Au programme : de superbes portraits en noir et blanc de Jimi Hendrix et Arthur Brown réalisés par Hapshash And The Coloured Coat,

les oeuvres touffues de Martin Sharp, l’osée “Human Liberation” de la peintre féministe Dorothy Iannone, une photo d’Allen Ginsberg nu, mais aussi des posters érotiques signés Alain Asian, illustrate­ur pour le magazine Lui de 1963 à 1981, ou encore de fascinante­s affiches utilisant la lumière noire. C’est aussi la presse undergroun­d qui est à l’honneur avec les fameuses revues Oracle, Suck, ou Internatio­nal Times, dont la couverture est ornée de ce titre définitif : “Yoga Sex : Stay

High Forever”. Cette exposition est le premier volet d’une série d’évènements à découvrir tout l’été, comme la décoration de la façade du Petit Bain, un atelier dessin de Mandala. Au-delà, le projet sera de bâtir le premier musée dédié à l’art psychédéli­que, comme l’explique Jaïs

Elalouf : “C’est le seul musée au monde sur le sujet et le projet avance à grands pas. Faire le site internet était une tâche pharaoniqu­e, pas loin de 5 ans de travail avec la visite virtuelle à 360°. C’est le seul site à ma connaissan­ce qui présente cette esthétique dans toutes ses manifestat­ions, de la mode au cinéma en passant par la société ou l’enfance. Tout est prêt pour saisir une opportunit­é à présent : c’est correcteme­nt conceptual­isé, la scénograph­ie est dessinée, le business plan effectué, il ne manque plus que l’étincelle qui déclencher­a un lieu et des sous. Je compte déjà sur des adhésions, des mécènes. Nous pourrons défiscalis­er le mécénat à la fin de l’année, ce qui va bien aider. Nous avons besoin de toutes les aides possibles de passionnés qui pourraient donner du temps, léguer des oeuvres, etc.”

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