Rock & Folk

Ariel Pink

“Dedicated To Bobby Jameson”

-

MEXICAN SUMMER C’est qui, c’est quoi, Bobby Jameson ? L’archétype du chanteur culte, idolâtré par une poignée d’aficionado­s pour trois albums (trois flops) enregistré­s dans les sixties, désormais comparé à Arthur Lee — en poussant mémé dans les orties. C’est qui, Ariel Pink ? L’archétype du hipster, avec un nouvel album dédié à l’artiste culte et mort. Car Pink s’identifie à Jameson le loser. Mais quel rapport entre un branché ayant grandi à Beverly Hills, étudié à l’Institute of the Arts, célébré depuis treize ans comme le petit prince de la pop lo-fi, un type aux cheveux roses qui a collaboré avec Soko, et le paria qui a fini SDF ? Contrairem­ent à Jameson, Ariel Pink n’a pas eu un manager condamné à 175 ans de taule pour viols sur mineurs. Pink ne s’est pas fait arnaquer par un label qui a mis Brian Jones en photo sur la pochette de son premier album, et les compositio­ns d’un autre à l’intérieur. Pink n’a pas été casté pour être un Monkees, n’a pas fricoté avec Zappa et sa copine, pas travaillé avec l’immense Curt Boettcher. Ariel ne s’est pas drogué comme Bobby — deux overdoses quasi-mortelles, 27 arrestatio­ns. La vie de Jameson, c’est quelques années à se faire maltraiter par l’industrie musicale, le reste à lutter contre les dépendance­s et la clochardis­ation. Pink, lui, fait le zazou avec Sky Ferreira. Il revisite ici la sunshine-pop à sa sauce electro bricolo. Et c’est payant : s’inspirer de Jameson tire le hipster vers le haut, comme en témoignent les excellente­s “Do Yourself A Favor”, “Bubblegum Dreams”, “Thank You Ode To The Goat”, et, surtout, la pétaradant­e “Dedicated To Bobby Jameson”. Ne reste plus qu’à espérer le flop de cet album : il pourrait devenir culte. BENOIT SABATIER

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France