Cabadzi

“X Blier”

STUDIO CHATON/ L’ AUTRE DISTRIBUTION Les observateurs paresseux pourraient, non sans raison d’ailleurs, comparer le travail de Cabadzi sur cet album à celui de Fauve : même type de voix blanche déclamant à toute vitesse un texte en talkover sur des rythmiques mécaniques. Sauf que là où le collectif brumeux aligne des textes entre dissertation collégienne et spleen adolescent, le duo Olivier Garnier/ Victorien Bitaudeau absorbe et recrache des mots posés sur grand écran par Bertrand Blier, auteur de quelques classiques (“Les Valseuses”, “Calmos”, “Buffet Froid”, “Tenue De Soirée”), presque tous potentiellement accompagnés de la réflexion “Onne pourrait plus faire un film comme ça denosjours”. Le long travail de recherche, de collage et d’adaptation des dialogues font dans le culte classique (on retrouve le fameux : “On n’ est pas bien, là ?” des “Valseuses” ou : “Jesuislegenre de femme qui prend toutes a valeur danslenoir” de “Préparez Vos Mouchoirs”) et va au-delà. En faisant des cadavres exquis (logique vu les obsessions morbides de Blier) d’extraits mélangés avec goût, Cabadzi réussit son pari et se réapproprie les mots du réalisateur. “Reste” mixe mort, amour et besoin de luxe (“Ouivers la morton y va tous (...) Je veux m’ envoyer en l’ air sur un lit très spacieux/ Qu’onnousmontele champagne sur un plateau d’ argent et qu’ on le boive au pieu ”),“Fatiguée” parle de baise et de prostitution tout en samplant Georges Delerue (BO de “Hitler, Connais Pas”, premier documentaire de Blier) et “Polaroïd” évoque cette ride buccale symbolisant le bonheur (“Votre sourire, faudra bien qu’ il revienne un jour ”). Les musiques sont électroniques, efficaces et en harmonie avec les mots du maître. Mieux qu’une simple curiosité.

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OLIVIER CACHIN