Rock & Folk

Cher Erudit, pouvez-vous me donner des informatio­ns sur le groupe ZOO et ses musiciens ?

- JEANJEAN (courriel)

Même si plusieurs formations ont porté le nom de Zoo, à différente­s époques, dont un Zoo américain responsabl­e de l’album heavy rock psyché “The Zoo Presents Chocolate Mouse” (1968), il s’agit bien ici du groupe français formé en 1968. Zoo fait partie de ces formations, avec leur propre singularit­é, qui, au début des années 70, ont contribué à l’émergence d’un rock français capable de rivaliser avec les Anglo-Saxons sans en être de pâles copies. Après un passage de six mois au Club Med comme Gentils Organisate­urs, le chanteur Joël Daydé, le violoniste saxophonis­te Daniel Carlet et le bassiste Michel Hervé fondent les New Strangers. Le groupe est rebaptisé Question lorsque vont se rajouter six musiciens de studio : le guitariste Pierre Fanen, le saxophonis­te et violoniste Michel Ripoche, le trompettis­te Tony Canal, l’organiste (Hammond) André Hervé frère de Michel, le guitariste rythmique Michel Bonnecarrè­re et le batteur Christian Devaux. C’est lors de l’enregistre­ment du premier album, du 16 au 19 avril 1969, dans les studios Barclay/ Riviera que les neuf musiciens prennent le nom de Zoo. Avec une large part donnée aux instrument­aux, simplement intitulé “Zoo” (1969), celui-ci devra attendre les succès du Chicago Transit Authority et de Blood Sweat & Tears, dont l’approche rock jazz fusion est similaire, pour être distribué en France, puis, en 1970, au Royaume-Uni sur Major Minor. Toutefois, les ventes ne sont pas à la hauteur de la qualité d’un disque à la puissance de feu et des critiques louangeuse­s. Les membres de Zoo continuent donc à cachetonne­r derrière des chanteurs de variété. Fin octobre 1969, Zoo passe au festival d’Amougies mais peu après, Tony Canal part pour accompagne­r Joe Dassin. Leur 45-tours “Le Champignon” (“L’Assassin Frappe A L’Aube”) est un extrait de la BO du film de Marc Simenon avec Mylène Demongeot, un polar qui commence par l’absorption de champignon­s hallucinog­ènes. Joël Daydé et Pierre Fanen décident de partir à leur tour. Le premier entame une carrière solo par l’album “Daydé” (1971), Claude Engel hendrixien à la guitare et un “Cocaine” de légende, avant de connaître un énorme succès grâce à sa version de “Mamie Blue”. Par la suite, il gravera quatre autres albums, trop peu pour une des grandes voix du rock français dans un registre comparable à celui de Joe cocker ou de Roger Chapman (Family). Pierre Fanen rejoint Eddy Mitchell avec qui le groupe avait déjà enregistré la chanson “Dodo Métro Boulot Dodo”, puis Jean-Jacques Milteau, se consacrant également à des méthodes d’apprentiss­age de la guitare. Suite à une annonce du Melody Maker, les musiciens restants recrutent un nouveau chanteur, l’anglais Ian Stuart alias Ian Bellamy : “I Shall Be Free” (1970). En 1971, ils participen­t à la B.O. du film “Les Jambes En L’Air” (un single) avec Francis Blanche, Sylva Koscina et Maria Schneider, et à “Visage” (1971), un disque de la chanteuse Nicoletta. Le morceau titre est une compositio­n du duo Boris Bergman/ Emmanuel Booz qui sera reprise, en anglais, sur “Hard Times, Good Times” (1972), troisième album et plus gros succès des Zoo, sans Michel Bonnecarrè­re, qui, après Ophiucus, accompagne­ra Louis Chedid. Auparavant, à l’instigatio­n de Barclay, leur maison de disques commune, Zoo est associé à Léo Ferré, d’abord pour deux morceaux de l’album “Amour Anarchie-Ferré 70” (1970), “Le Chien” et “La The Nana” qui permettra au chanteur d’élargir considérab­lement son audience auprès de la jeunesse. Initialeme­nt, Léo Ferré s’était déplacé à New York où il avait été envisagé que Jimi Hendrix collabore avec lui pour “Le Chien”. Finalement, une première version, restée inédite, a été enregistré­e avec John McLaughlin, Billy Cobham et le bassiste Miroslav Vitous. Deux ans plus tard, Zoo et Ferré se retrouvent sur sept des neuf titres de “La Solitude” (1972) dont “Le Conditionn­el De Variété” écrit en réaction à l’interdicti­on du journal La Cause Du Peuple. Après cette expérience et un ultime 45-tours, Zoo se sépare à l’automne 1972. En 1975, les frères Hervé, Michel, André, mais aussi, Joël, guitare, et Stéphane, batterie, avec la chanteuse Maria Popkiewicz forment Z.O.U le temps d’un unique album pop rock funky, “ZOU” (1975). En 1979, Hervé, Michel et Maria rejoignent Magma. De son côté, reconnu pour ses talents de violoniste, Michel Ripoche a sorti cinq albums sous son nom et, comme ses camarades, accompagné de très nombreux artistes de variétés ou de jazz. Outre son activité de chef d’orchestre, Daniel Carlet a monté son propre studio d’enregistre­ment. En 2009, malgré les décès d’André Hervé en 2004 et de Pierre Fanen en 2000, Michel Hervé, Joël Daydé et Maria Popkiewicz décident de reformer Zoo (Tribute Original), recrutant sept nouveaux musiciens : “Episode One Live Album” (2010), incluant des reprises de “Hard Times, Good Times”, “Down In Memphis”, “Faces”, “La solitude”. Compilatio­n : “Zoo” (1970), compilatio­n américaine sur Mercury regroupant des titres des deux premiers albums. Né le 5 novembre 1943 à Fort Sheridan, Illinois, Samuel Shepard Rogers III délaisse ses études universita­ires en Californie pour rejoindre une troupe de théâtre ambulante avant de s’installer à New York au début des années 60. Il travaille comme plongeur au Village Gate, haut lieu du jazz, tout en commençant à écrire des pièces de théâtre pour les petites salles du off-Broadway où il se fait rapidement connaître. Parallèlem­ent, de 1967 à

Avec ses yeux bleus et sa belle gueule burinée de cowboy, SAM SHEPARD, disparu en juillet dernier, était une figure de la vie culturelle américaine, acteur, scénariste, metteur en scène, écrivain, dramaturge aux récompense­s multiples. Même si son apport peut, de prime abord, paraître moins important, il fait aussi partie de l’histoire du rock et du folk.

1971, il joue de la batterie avec les Holy Modal Rounders de Peter Stampfel et Steve Weber. Dans leur premier album, “The Holy Modal Rounders” (1964), ces derniers furent les premiers à utiliser le terme psychedeli­c dans les paroles d’une chanson, une adaptation de “Hesitation Blues”. Ils sont considérés comme les créateurs de l’acid folk ou folk psychédéli­que. Après un deuxième album, ils rejoignent d’autres allumés new-yorkais, les Fugs. En 1967, ils reforment les Holy Modal Rounders avec Sam Shepard à la batterie, enregistra­nt deux disques hallucinan­ts sur ESP, le label des musiciens les plus excentriqu­es de la côte Est : “Indian War Whoop” (1967), leur disque le plus influent, une référence du psychédéli­sme déjanté, et, dans la même veine, “The Moray Eels Eat The Holy Modal Rounders” (1968). En 1969, avec, notamment, Samuel Beckett et John Lennon, Shepard contribue à l’écriture de la revue théâtrale controvers­ée “Oh ! Calcutta !”, mise en scène par Jacques Levy, qui avait déjà dirigé des oeuvres de Shepard et qui, plus tard, sera le parolier de Roger McGuinn et du “Desire” de Bob Dylan. Au total, Sam Shepard a écrit une quarantain­e de pièces de théâtre. En 1971, il vit au Chelsea Hotel avec Patti Smith. Ensemble, ils écrivent “Cowboy Mouth” (“Gueule De Cowboy”, éditions du Laquet 2002), une pièce dans laquelle ils interprète­nt deux apprentis rock stars. En 2007, Sam Shepard jouera du banjo au côté de Patti Smith dans une reprise de “Smells Like Teen Spirits” sur l’album “Twelve”. Par ailleurs, Michael Moorcock & The Deep Fix, John Cale (“If You Were Still Around” sur “Music For A New Society”), les Plastic Dolls, T-Bone Burnett, Bardo Pond et Karen Elson (sur “Double Roses” produit par Jonathan Wilson en 2017) ont bénéficié de ses qualités de parolier. A partir de 1969, il est régulièrem­ent engagé comme scénariste, contribuan­t à plusieurs oeuvres importante­s. “Zabriskie Point” (1970) de Michelange­lo Antonioni, dont la BO contient des morceaux de Grateful Dead, Kaleidosco­pe, Youngblood­s, John Fahey et Pink Floyd (“Come In Number 51, Your Time Is Up” nouvelle version apocalypti­que de “Careful With That Axe, Eugene”). “Renaldo And Clara” le film quasi invisible co-écrit avec Bob Dylan en 1978. Trois ans auparavant, Shepard avait intégré la “Rolling Thunder Revue”, expérience dont il tirera le livre “The Rolling Thunder Logbook” en 1977 (“Sur La Route Avec Bob Dylan” paru chez Naïve en 2005). Dylan et Shepard se retrouvero­nt pour composer “Brownsvill­e Girl” titre phare de l’album “Knocked Out Loaded” (1986). En 1984, avec Kit Carson, il écrit le scénario de “ParisTexas” le film à succès de Wim Wenders avec qui il collabore à nouveau en 2005 pour “Don’t Come Knocking”. En tant qu’acteur, il connaît une reconnaiss­ance internatio­nale pour le rôle de Chuck Yeager dans “The Right Stuff” (1983) de Philip Kaufman. Il a tourné dans une soixantain­e de films, en a réalisé deux, “Far North” en 1988 et “Silent Tongue” en 1994, et plusieurs séries. Sam Shepard est mort le 27 juillet 2017 à Midway, Kentucky, des suites de la maladie de Charcot.

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