The Deuce
L’industrie du sexe dans l’Amérique des années 70
A peine remis du succès pantagruélique de la dernière saison de “Game Of Thrones”
qui a battu des records absolus d’audience aux Etats-Unis (12 millions de spectateurs pour l’épisode final de la saison 7), HBO lance une nouvelle série choc... Rien moins que la naissance de l’industrie du sexe dans l’Amérique des années 70 ! Avec au programme des paroles peu chrétiennes, des seins à l’air et des Marie-couche-toi-là. Une série qui s’annonce passionnante si l’on se fie aux noms de ses concepteurs, George Pelecanos et David Simon, respectivement auteur et créateur de “The Wire”, considérée comme la meilleure série de l’histoire de la télé américaine avec, qui plus est, Barack Obama en fan numberone... Connaissant la précision anthropologique “The Wire” (sur la criminalité à Baltimore), “The Deuce” s’annonce également très réaliste dans sa reconstitution d’époque au vu du pilote. Ne serait-ce que par les authentiques images d’archive de cette foutraque 42ème rue qui orne le générique. Un endroit mythique où putes à la ramasse, maquereaux déjantés et clients pervers (ou timides) se croisaient sans cesse pour s’échanger dollars douteux, sperme compact et cocaïne coupée. Comme si ce lieu était un mix d’enfer (pour beaucoup) et de paradis (pour quelques uns). Dès l’ouverture du premier épisode, le ton est donné avec une discussion aux dialogues tarantinesques (sur l’état de l’Amérique et de ses utopies) entre deux proxénètes groovy dont les costards flashy rappellent ceux du cinéma de Blaxploitation alors naissant (ou de Huggy les bons tuyaux dans “Starsky Et Hutch”). Petit à petit, on pénètre dans le quotidien de cette 42ème rue crasseuse en suivant différents personnages : un mac à l’affut de chair fraîche prenant sous sa coupe une jeune provinciale venant débarquer dans les rues de Big Apple, un flic qui se fait cirer les chaussures avec “Sex Machine” en fond sonore, une prostituée indépendante (Maggie Gyllenhall) qui déniaise un jeune ado pour trente dollars le jour de son anniversaire, une autre qui se fait suriner par son souteneur pour l’inciter à retourner sur le trottoir fissa, une étudiante BCBG prise en flagrant délit d’achat de substance illicite... Ambiance ! Toute une faune qui passe et repasse dans un bar miteux tenu par deux frères jumeaux (James Franco et James Franco), qui, dans les épisodes suivants, vont se retrouver à la tête d’un empire du cul. Allusion probable aux frères Mitchell, frangins réalisateurs cultes réputés dans les seventies pour “Derrière La Porte Verte”, un des tout premiers classiques du cinéma olé-olé. Et de cinéma, il est justement question dans le décor. En faisant déambuler leurs personnages dans la mal famée 42ème rue, “The Deuce” situe l’époque à travers des devantures de salles projetant aussi bien “L’Oiseau Au Plumage De Cristal” de Dario Argento que “Le Conformiste” de Bertolucci et “Mondo Trasho“de ce dandy provo de John Waters. Ou encore “Trader Hornee”, nanar érotique sorti il y bien longtemps dans nos contrées sous un titre absurde, “Le Livre Erotique De La Jungle” (histoire du profiter en biais du succès du dessin animé de Walt Disney qui venait de cartonner en salles). Ne reste plus qu’à espérer que “The Deuce” accentue encore plus son côté funky dans les prochains épisodes tout en retraçant l’époque (bénie ?) de l’arrivée massive du porno new-yorkais avec ses films mythiques (genre “Gorge Profonde”), ses hardeurs membrés comme des ânes (genre John Holmes) et ses actrices au tempérament mélancolique. Petite pensée émue pour Annette Haven... ( endiffusionsurOCSCity)