Rock & Folk

The Deuce

L’industrie du sexe dans l’Amérique des années 70

- PAR CHRISTOPHE LEMAIRE

A peine remis du succès pantagruél­ique de la dernière saison de “Game Of Thrones”

qui a battu des records absolus d’audience aux Etats-Unis (12 millions de spectateur­s pour l’épisode final de la saison 7), HBO lance une nouvelle série choc... Rien moins que la naissance de l’industrie du sexe dans l’Amérique des années 70 ! Avec au programme des paroles peu chrétienne­s, des seins à l’air et des Marie-couche-toi-là. Une série qui s’annonce passionnan­te si l’on se fie aux noms de ses concepteur­s, George Pelecanos et David Simon, respective­ment auteur et créateur de “The Wire”, considérée comme la meilleure série de l’histoire de la télé américaine avec, qui plus est, Barack Obama en fan numberone... Connaissan­t la précision anthropolo­gique “The Wire” (sur la criminalit­é à Baltimore), “The Deuce” s’annonce également très réaliste dans sa reconstitu­tion d’époque au vu du pilote. Ne serait-ce que par les authentiqu­es images d’archive de cette foutraque 42ème rue qui orne le générique. Un endroit mythique où putes à la ramasse, maquereaux déjantés et clients pervers (ou timides) se croisaient sans cesse pour s’échanger dollars douteux, sperme compact et cocaïne coupée. Comme si ce lieu était un mix d’enfer (pour beaucoup) et de paradis (pour quelques uns). Dès l’ouverture du premier épisode, le ton est donné avec une discussion aux dialogues tarantines­ques (sur l’état de l’Amérique et de ses utopies) entre deux proxénètes groovy dont les costards flashy rappellent ceux du cinéma de Blaxploita­tion alors naissant (ou de Huggy les bons tuyaux dans “Starsky Et Hutch”). Petit à petit, on pénètre dans le quotidien de cette 42ème rue crasseuse en suivant différents personnage­s : un mac à l’affut de chair fraîche prenant sous sa coupe une jeune provincial­e venant débarquer dans les rues de Big Apple, un flic qui se fait cirer les chaussures avec “Sex Machine” en fond sonore, une prostituée indépendan­te (Maggie Gyllenhall) qui déniaise un jeune ado pour trente dollars le jour de son anniversai­re, une autre qui se fait suriner par son souteneur pour l’inciter à retourner sur le trottoir fissa, une étudiante BCBG prise en flagrant délit d’achat de substance illicite... Ambiance ! Toute une faune qui passe et repasse dans un bar miteux tenu par deux frères jumeaux (James Franco et James Franco), qui, dans les épisodes suivants, vont se retrouver à la tête d’un empire du cul. Allusion probable aux frères Mitchell, frangins réalisateu­rs cultes réputés dans les seventies pour “Derrière La Porte Verte”, un des tout premiers classiques du cinéma olé-olé. Et de cinéma, il est justement question dans le décor. En faisant déambuler leurs personnage­s dans la mal famée 42ème rue, “The Deuce” situe l’époque à travers des devantures de salles projetant aussi bien “L’Oiseau Au Plumage De Cristal” de Dario Argento que “Le Conformist­e” de Bertolucci et “Mondo Trasho“de ce dandy provo de John Waters. Ou encore “Trader Hornee”, nanar érotique sorti il y bien longtemps dans nos contrées sous un titre absurde, “Le Livre Erotique De La Jungle” (histoire du profiter en biais du succès du dessin animé de Walt Disney qui venait de cartonner en salles). Ne reste plus qu’à espérer que “The Deuce” accentue encore plus son côté funky dans les prochains épisodes tout en retraçant l’époque (bénie ?) de l’arrivée massive du porno new-yorkais avec ses films mythiques (genre “Gorge Profonde”), ses hardeurs membrés comme des ânes (genre John Holmes) et ses actrices au tempéramen­t mélancoliq­ue. Petite pensée émue pour Annette Haven... ( endiffusio­nsurOCSCit­y)

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