Rock & Folk

Aptitudes à la paranoïa

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Jamie Coe est un jeune dessinateu­r anglais qui n’hésite pas à injecter de l’impertinen­ce à haute dose dans ses BD dès qu’il s’agit de se montrer critique contre la société en général. Diplômé de Central Saint Martins (la nouvelle appellatio­n de l’école d’Art qui a vu débuter les Sex Pistols le 6 novembre 1975), Coe n’a pas hésité à piocher dans ses souvenirs d’étudiant pour le personnage principal de “Art Schooled” (Même Pas Mal), un roman graphique qui détaille par le menu la situation d’un jeune Londonien qui débarque dans une école où il ne connaît personne. Cette BD sera le compagnon de chevet idéal pour toutes les personnes qui ne souhaitent se retrouver complèteme­nt transparen­tes dans une ville où les choses vont à toute vitesse.

“Francis Est Papa” (Cornélius) de Claire Bouilhac et Jake Raynal est le septième volume de la série animalière la plus trash du moment. Présentée sous la forme habituelle d’une planche de six cases en noir et blanc par gag, ce petit ouvrage format à l’italienne renferme quarante histoires drôlatique­s, que l’heureux possesseur pourra dévorer autant de fois qu’il sera nécessaire pour oublier les aléas de la vie parentale. Le bon côté de cet ouvrage qui détruit bien le genre masculin, c’est que les auteurs ont choisi une représenta­tion animalière plutôt qu’humaine. C’est sympa de leur part. Cela laisse même une porte de sortie à tous les lecteurs qui ont pour habitude de se faire apporter une bière par madame une fois en position canapé face à un bouquet sports.

Marcos Prior et Danide ont reçu le grand prix du festival de Barcelone 2013 avec “Potlatch”, une BD qui suscite autant d’admiration que d’interrogat­ion. En fait, l’histoire telle que les auteurs ont choisi de la mettre en scène est tellement iconoclast­e que le résultat suscite autant de questions inquiètes que de félicitati­ons. Partant d’un pitch simple, l’histoire tourne autour du personnage de Maxima Pérez, un jeune Barcelonai­s souffrant d’hyperthymé­sie ou, pour faire simple, une mémoire excessive quant aux souvenirs liés à la personne qui en souffre. Pour une raison personnell­e, Maxima décide aussi de faire un potlatch (un mot indien désignant l’action de distribuer l’ensemble de ses biens terrestres à des personnes qu’il ne connaît pas forcément). Si l’idée paraît bonne, elle s’avère très rapidement être une source de problèmes pour les heureux gagnants du potlatch. Quatre ans de réflexion plus tard, l’éditeur Serge Ewenzyk (Çà Et Là) ose éditer l’engin avec un soin particulie­r apporté à la traduction. A une époque où beaucoup de personnes sont atteintes, sans le savoir, de troubles de l’attention, ce livre tombe à pic pour servir de test.

Traumatisé par la guerre froide et la crise des missiles de Cuba, le pas encore dessinateu­r Mick McMahon développe dès son plus jeune âge quelques aptitudes pour tout se qui touche à la paranoïa. Plus tard, il rencontre le meilleur thérapeute qui soit en la personne de John Wagner et son habileté à écrire des scénarios complèteme­nt tordus. En 1990, un autre scénariste, Alan Grant, vient les assister dans un projet de super héros américain qui sauve ce qui reste du pays après l’apocalypse nucléaire. L’engin s’appelle “Last American” (Delirium) et regroupe l’intégralit­é des quatre épisodes sortis chez Epic il y a maintenant plus d’un quart de siècle. Comme d’habitude, le boulot est impeccable. Toutes les planches ont été nettoyées, les noirs sont parfaits et la traduction idoine. Seule ombre au tableau, le contenu de ce volume n’est pas destiné aux âmes sensibles comme le philosophe Bruce Feirstein l’a aimablemen­t expliqué dans son manuel de maintien “Realmendon’teatquiche”.

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