Rock & Folk

KAVIAR SPECIAL

Le brillant troisième album de ces jeunes gens ne fait que le confirmer : Rennes est la nouvelle place forte du rock garage hexagonal.

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Ils s’appellent The Madcaps, Volage, Sapin, Kaviar Special, Pain Dimension, Dusty Mush... Aux alentours de 2013, comme un mouvement spontané, des dizaines de groupes ont éclos au même moment partout en France. Si la vague Strokes/ Libertines avait accouché au début des années 2000 de la génération des baby rockers en France, l’émergence de la scène de San Francisco, portée par Ty Segall et Thee Oh Sees, a été le moteur de l’éclosion d’une nouvelle scène garage en France. Parmi celle-ci, Kaviar Special, quatuor rennais au talent fou qui s’affirme sur son troisième album comme un des groupes hexagonaux les plus emballants.

La rue Saint-Malo à Rennes

Alors que sort “Vortex”, le nouvel album, on a rencontré les trois membres originaux de Kaviar Special — ils ont récemment changé de batteur — dans un bar de la rue Saint-Malo à Rennes.

Adrien (bassiste), Vincent (guitare) et Léo (guitare) se sont assis autour d’un verre pour revenir sur leur parcours. Adrien résume le début : “On s’est rencontrés il y a 5 ans en première année de fac de bio, on a fondé Kaviar Special sur les cendres de mon ancien groupe. On a joué un premier concert aux Ateliers du Vent à Rennes, à l’arrache, avec 4 morceaux et puis, de fil en aiguille, on en a écrit d’autres et joué de plus en plus de concerts.” Rennes ressemble aujourd’hui à une sorte de Mecque du punk

garage : “Il y a une grosse communauté de petits groupes qui fait que c’est encouragea­nt de faire de la musique. On a vu des groupes garage comme Catholic Spray ou Acid Baby Jesus jouer dans des caves et on s’est dit : ‘Putain, nous aussi on peut

faire ça.’ ” Léo : “Au début, on venait aux concerts pour picoler et faire la teuf, et puis à force de voir des dizaines de concerts, tu te dis : ‘Pourquoi pas

moi ?’ Si j’arrive à tenir 5 ou 6 morceaux avec mes potes, je peux aller jouer dans une cave. Plein d’assos proposent de jouer parce qu’elles sont toujours en galère de première partie.”

C’est ainsi qu’une communauté de groupes a

commencé à se former en ville. Vincent : “On a fait partie d’une espèce de vague. Quand on a commencé le nôtre, il y a plusieurs groupes qui se sont formés un peu au même moment. Il y avait Rigg, Sapin, les Madcaps sont arrivés un peu après. Tu vois le concert de l’un, le concert de l’autre, et inévitable­ment tu te compares un peu. C’est plus un boost mutuel que de l’émulation.” Alors qu’ils s’émancipent avec ce troisième album aux arrangemen­ts ambitieux, les musiciens de Kaviar Special sont usés de l’allusion systématiq­ue faite à Ty Segall et Thee Oh Sees, modèles assumés à leurs débuts, dont l’influence se perçoit de façon plus sporadique désormais. “C’est comme des grands frères encombrant­s” s’amuse Léo. Adrien : “On les écoute beaucoup moins aujourd’hui. De toute façon ils sortent tellement d’albums qu’on n’a plus

le temps de suivre.” En réalité, l’influence la plus prégnante chez eux est sans doute Bare Wires, l’ancien groupe du paria Matthew Melton, celui que les trois ont “le plus écouté pendant

2 ou 3 ans.” Aujourd’hui, Kaviar Special est le fer de lance de sa propre scène, et son troisième album est un signe de plus que le rock garage français se porte plutôt bien, merci. RECUEILLI PAR ERIC DELSART Album “Vortex” (Azbin/ Beast/ Howlin’ Banana)

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