Rock & Folk

JONATHAN WILSON

L’américain prend ses distances avec le folk psychédéli­que des débuts pour explorer de nouveaux territoire­s musicaux.

- Charles Ficat

Pour ses admirateur­s de la première heure, le nouvel opus de Jonathan Wilson marque une évolution dans son style. Il lui fallait passer à autre chose, c’est chose faite avec “Rare Birds”. Rencontre avec ce musicien brillant, touche à tout, qui n’avait pas sorti d’album depuis 2013, à l’occasion de son passage à Paris, tout juste avant le réglage de balance d’un concert qui affiche complet.

Culte pour le yoga

ROCK&FOLK : Avec ce nouvel album, vous changez de style, désormais plus dynamique, en faisant appel à des synthétise­urs et des boîtes à rythme. Un nouveau départ avec une énergie renouvelée ? Jonathan Wilson : Oui, complèteme­nt. Je ne voulais pas reprendre le même son. Je voulais aboutir à quelque chose de personnel. Le but était d’explorer quelque chose de nouveau.

R&F : Producteur, musicien, accompagna­teur, vous menez de nombreux projets à côté de votre propre carrière. C’est pour ça qu’il a fallu attendre autant de temps entre “Fanfare” (2013) et ce dernier album ? Jonathan Wilson : Il m’a fallu quatre ans pour rassembler la meilleure sélection de chansons. Je travaillai­s beaucoup à l’époque sur toutes sortes de contributi­ons. Il me fallait continuer à explorer d’autres pistes pour savoir ce que serait ma prochaine oeuvre avec un son nouveau. Je sentais qu’après “Fanfare”, j’avais bien travaillé, tourné à travers le monde, rencontré du succès, mais pas autant que cela aurait pu. R&F : A l’écoute de ce nouveau disque, se dégage une évidente influence britanniqu­e. Faut-il y voir un effet de votre collaborat­ion avec Roger Waters avec lequel vous avez tourné en 2017 et cette année ? Jonathan Wilson : Peut-être, mais cela remonte surtout à mon enfance, j’étais un énorme fan des Beatles, des Kinks et de toute cette musique.

R&F : Que signifie “Rare Birds” ? Un cygne figure sur l’illustrati­on de la pochette. Est-ce lui, l’oiseau rare ? Jonathan Wilson : Pas vraiment. En fait, cette pochette exprime mon culte pour le yoga (rires). “Rare Birds” exprime le lien entre deux amis ou deux amants et leur voyage sur la terre. D’où aussi ces deux verres sur la table.

R&F : Une tonalité sombre se dégage de certains morceaux qui chantent des amours brisées, comme le morceau-titre. D’autres expriment une lueur d’espoir. Vous cherchez cet équilibre ?

Jonathan Wilson : Assurément, cela reflète l’espace d’une année avec ses hauts et ses bas pendant des jours ou des mois. L’amour et la perte. Un instant vous êtes au sommet du monde, un autre vous êtes abattu et n’êtes plus rien... Cela participe de l’authentici­té, qui est l’objectif de l’écriture de chansons. Si vous n’avez pas cela, personne ne s’intéresser­a à ce que vous dites.

R&F : Beaucoup de gens vous ont découvert en première partie de Tom Petty au Grand Rex en 2012. Comment avez-vous réagi à sa mort ?

Jonathan Wilson : Ce fut véritablem­ent terrible. Les Heartbreak­ers comptent parmi mes meilleurs amis. J’ai été très triste pour eux et désolé que nous perdions un si exceptionn­el songwriter.

R&F : Sur la vidéo de “There’s A Light”, vous jouez sur une Rickenback­er douze cordes...

Jonathan Wilson : Oui et si vous regardez attentivem­ent, il s’agit d’un modèle Rose Morris, d’exportatio­n anglaise, sur laquelle Tom (Petty) et Mike (Campbell) avaient l’habitude de jouer. C’est une guitare qui a été conçue pour mes tournées. C’est un hommage.

Fêtes et jam sessions

R&F : Toujours à Laurel Canyon ? Jonathan Wilson : Non, je n’y suis plus. A l’époque, c’était vraiment cool, avec de nombreuses fêtes et jam sessions, chez moi notamment, où le studio d’enregistre­ment était le refuge de toute la scène locale. Il s’y passait beaucoup. A la fin de mon séjour là-bas, Father John Misty traversait la rue et venait chez moi. Cette effervesce­nce est aujourd’hui terminée, chacun s’est dispersé. Maintenant je vis à Echo Park (un quartier branché de Los Angeles).

R&F : Est-ce important pour un artiste d’évoluer ?

Jonathan Wilson : Bien sûr. Pourquoi continuer à faire toujours pareil ? A l’époque de “Gentle Spirit”, j’étais fasciné par certaines choses que je cherchais à reproduire. Mais il me fallait changer, sortir de l’acid rock. L’atmosphère a changé. Je ne suis pas là pour singer le passé.

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