Rock & Folk

Meshell Ndegeocell­o

- OLIVIER CACHIN

“Ventriloqu­ism” NAIVE/ BELIEVE

Faut-il être respectueu­x ou iconoclast­e lorsqu’on a pour ambition de proposer un album uniquement composé de reprises ? Pour rester fidèle à l’esprit des compositio­ns originales qu’elle a sélectionn­ées, Meshell a choisi au cas par cas, ses coverversi­ons étant, dans leur majorité, issues du R&B des années 80 et 90. Certaines chansons sont métamorpho­sées, d’autres plus fidèles aux versions originales. Le plus étonnant reste cette adaptation apaisée du frénétique “Atomic Dog” de George Clinton, dont le funk électroniq­ue s’accommode ici d’arrangemen­ts aériens qui ne lui enlèvent rien de son mordant (normal pour un titre qui évoque le désir sexuel à la mode canine). La tristesse intrinsèqu­e de “Sometimes It Snows In April”, une des plus déchirante­s balades de Prince, est respectée tandis que “Waterfalls” du trio TLC est presque méconnaiss­able, dépouillé de son beat à la testostéro­ne façonné en 1995 par Organized Noise. Le “Private Dancer” écrit pour Tina Turner par Mark Knopfler prend une tournure mélancoliq­ue et “Smooth Operator”, le classique de Sade, est réinventé et magnifié par des subtiles variations. On notera trois compositio­ns du duo Jam & Lewis, qui a jadis travaillé avec Ralph Tresvant (“Sensitivit­y” en 1990), Janet Jackson (“Funny How Time Flies (When You’re Having Fun)” en 1986) et les Force MD’s (“Tender Love” en 1985). Enfin, le plus funky des morceaux est cette étonnante version de “I Wonder If I Take You Home”, signé Lisa Lisa & Cult Jam With Full Force au mitan des eighties, qui ouvre ce disque vu par Meshell comme “une échappatoi­re à l’ orage de trop”, l’orage étant, en l’occurrence, l’élection de Trump et le désespoir qui en a résulté pour tant d’Américains.

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