Pierre Barouh
La Huit
On l’a déjà dit et on craint d’avoir à le répéter, la fin des grands excentriques est la preuve que la roue tourne, mais aussi que quelque chose de crucial est bien en train de disparaître : l’art de la différence. Hasard des sorties, alors que la France pleure Jacques Higelin, un des derniers barréoïdes, le courrier nous amène ce DVD (+ CD) consacré à Pierre Barouh. Auteur à part, compositeur, interprète, mais également grand voyageur, planétaire ou intérieur, ce Parisien qu’on associe systématiquement, et ça ne peut pas lui déplaire, à “Un Homme Et Une Femme”, la fresque sentimentale de Claude Lelouch oscarisée en 1967, a également fondé, en ces années lointaines où la chanson française égayait les vies, un label qui avait ouvert ses portes à Higelin. Dans ce documentaire de Marie-Laure Désidéri et Christian Argentino (entrecoupé d’interventions de chanteurs et chanteuses actuelles — c’est la mode, la nouvelle bonne idée, généralement des maisons de disques, comme si ces mélodies et textes-là n’étaient plus d’une grande modernité et avaient besoin, pour être perçus par un nouveau public, d’interprètes aux traits moins creusés), on voit et écoute ce jeune homme sans âge raconter son parcours. Forcément, il commence par ces airs brésiliens composés par Baden Powell ou Vinícius de Moraes, dont il a signé, sans rien trahir, les adaptations françaises. “Samba Saravah” se retrouvera ainsi dans le film de Lelouch, dont Pierre Barouh chante le célébrissime thème principal, en duo avec Nicole Croisille, sur une musique de Francis Lai. Bien sûr, cet arbre cache un peu le bois joli de la carrière de Barouh à qui l’on doit aussi, toujours sur une mélodie de Lai, “La Bicyclette”, increvable et popularisée par Yves Montand. La suite, moins connue mais du même tonneau, est à (re)découvrir ici.