Balance ton Bob

La plupart des passages dérangeants de “Dont Look Back”, le documentaire sur la tournée anglaise de Bob Dylan en 1965, tournent autour de la façon dont le chanteur ignore Joan Baez. Chaque soir elle attend en coulisses qu’il l’invite sur scène, chaque soir elle repart bredouille. Jusqu’à ce qu’elle disparaisse du film. Leur couple battait déjà de l’aile avant la tournée, sans que l’un ou l’autre ne l’assume. Joan Baez décide de le retrouver en Angleterre sans le prévenir, une initiative qu’elle qualifiera ensuite de “jeune et

stupide”. L’entourage de Dylan la garde à distance, loin des drogues aussi. Quand la caméra de DA Pennebaker les montre ensemble, Dylan est moins préoccupé de ce qu’elle joue à la guitare que de ce qu’il tape à la machine, un poème d’amour pour Marianne Faithfull, alors mariée et enceinte. Quelques jours plus tard, c’est Bob Neuwirth, le second de Bob, qui lui balance des piques sur son physique. Baez fait aussitôt ses valises et ne renouera vraiment avec Dylan que dix ans plus tard sur la tournée Rolling Thunder. Et elle rencontre à cette occasion Sara Dylan, qu’il a épousée à la fin 1965.

“Bob ne m’a jamais fait beaucoup de cadeaux, lui confie-t-elle, mais il m’a un jour offert un superbe chemisier de soie, vraiment choisi avec beaucoup de goût.” Et c’est là que, comme elle l’écrit dans ses mémoires, Joan Baez lui explique qu’elle avait dans sa garde-robe un chemisier correspondant pile au descriptif, qu’elle n’a jamais retrouvé après une visite de Bob. Ce qui fit bien rire les deux femmes.