Rock & Folk

Wooden Shjips

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“V” THRILLJOCK­EY/DIFFER-ANT

Fin de l’été 2017, Portland. Le ciel est un linceul cramoisi au-dessus de la ville cernée par un gigantesqu­e incendie. Depuis son perron, Ripley Johnson (guitare et chant) assiste sidéré à ce qui ressemble à une apocalypse, avec la gueule hideuse de Donald Trump en contrepoin­t. Le sentiment terrifiant d’une fin du monde devient le point de départ de cet album simplement intitulé “V”. V pour Victoire : contre le désespoir, contre la haine, contre la colère. “V” est certes un album de combat, qui néanmoins n’emprunte pas dialectiqu­ement aux forces du négatif leurs propres armes, mais, au contraire, offre de quoi y résister en leur opposant l’oxygène du possible. Tout, que ce soit la guitare cristallin­e et ascendante de Johnson, le groove délicat de l’impeccable duo rythmique composé par Omar Ahsanuddin (batterie) et Dusty Jermier (basse), ou les lignes subtiles du clavier assuré par Nash Whalen, tout concourt à produire un état enveloppan­t de joie. En un sens, cet album est le moins psychédéli­que du groupe ; en revanche le plus utopique, oui. Lumineux de bout en bout — passé l’exorcisme en ouverture avec le très Suicide “Eclipse” — “V” irradie et lutte à chaque note contre tout affect triste. Chaque morceau y est porté par un désir de paix dont le climax est atteint avec ce grandiose “Already Gone”, qui occupe l’axe de l’album, annonçant le dénouement que sera le septième titre final, “Ride On”, d’une beauté à pleurer. A en croire Ripley Johnson, “V” n’aurait pas dû voir le jour, le groupe ayant un temps songé à jeter l’éponge et, finalement, c’est peut-être son chef-d’oeuvre que signe Wooden Shjips avec ce cinquième album, le plus ample, le plus optimiste, majestueux : solaire. ✪✪✪✪ ALEXANDRE BRETON

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