Lofofora
“Simple Appareil”
AT(H)OME
Considéré comme précurseur de la scène fusion à l’aube des années 90, le quartette Lofofora allait se révéler l’un des groupes phares de ce courant créé au départ pour jeter un pont entre le hip-hop et le punk hardcore. Adepte d’un boucan énervé et engagé, il allait rapidement en devenir l’un de ses plus énergiques ambassadeurs grâce à l’appui de sa structure de management alternative (Sriracha Sauce) et de son lieu de prédilection sur Paris, l’Hôpital Ephémère. S’est ensuivie une flopée d’albums, de tournées et de soutiens à diverses causes. Mais, au gré de changements de personnel et d’évolution du public, l’impact du groupe s’est quelque peu terni en près de trois décennies. Rien de mieux pour réactiver un intérêt déclinant que le parti pris de ce neuvième album studio : le choix d’un enregistrement acoustique marque une pause dans la surenchère heavy metal et permet de réévaluer ce groupe à sa juste valeur. Sans pour autant constituer un relâchement ou un apaisement, la perspective unplugged conserve la pugnacité initiale, mais en la dépouillant de certaines surenchères sonores. L’essentiel est mis en avant : la volonté d’en découdre contre les maux qui minent notre société. Les grands gagnants en sont la tête de proue, Reuno, en qui l’on découvre un véritable chanteur qui n’est plus obligé de forcer la voix pour se faire entendre, et ses textes, particulièrement bien mis en valeur avec leurs formules ciselées (“Siles regrets sont stériles/ Les remords sontindélébiles”), à tel point que le morceau “Troubadour” apparaît comme le manifeste de ce nouveau départ :“Moi qui suis troubadour je ne manque pas d’ air/ Celui qu’ on respire et celui qu’ on espère ”.
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H.M.