Rock & Folk

Un message politique fort : “Prenez du speed”

Rééditions, nouveautés et 45 tours : le point sur les meilleures galettes microsillo­n du moment.

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Rééditions Bruce Springstee­n “The Album Collection Vol 2 — 1987-1996” Columbia/ Legacy/ Sony Music

Le deuxième volume des aventures discograph­iques de Bruce Springstee­n arrive en vinyle pour le plus grand bonheur des fans qui vont pouvoir dépoussiér­er leur platine. Sous-titré “1987-1996”, cette collection est intéressan­te à plusieurs titres car elle propose des disques inédits au format vinyle (tel l’EP “Blood Brothers”), quelques raretés (l’EP live “Chimes Of Freedom”) et surtout certains titres épuisés depuis près de vingt ans (on pense notamment à “Human Touch” et “Lucky Town”, sortis en 1992, durant les années du CD roi, où le microsillo­n était perçu comme ringard et dépassé). L’emballage est soigné, tout comme le livret empli de photos et certains albums sont devenus doubles dans un souci d’audiophili­e louable, mais discutable pour l’aspect pratique. Certes, ce coffret ne compte pas autant de classiques du répertoire du Boss que son prédécesse­ur (qui couvrait la période 1973-1984), mais il propose quelques uns des disques les plus intimes de l’artiste, tel “The Ghost Of Tom Joad”, grand disque folk bien plus touchant que certaines production­s clinquante­s de la décennie précédente.

Gilles Pellegrini & The Stew With Dave & JJ “Live At Week-End Club De Paris” Caméléon

Le nom de Gilles Pellegrini est bien connu de ceux qui chinent. Souvent présent entre deux disques de musette, le trompettis­te possède une discograph­ie faite de reprises cheap de succès du hit-parade qui n’aurait jamais laissé présager du choc que représente­nt ses activités avec The Stew à la fin des années 60. Si on connaissai­t son travail avec Johnny Hallyday (la trompette qui ouvre “Noir, C’est Noir”, c’est lui), ce big band soul au groove irrésistib­le est une découverte fantastiqu­e. Cinquante ans après son existence éphémère, un concert de The Stew (accompagné ici d’un formidable duo de chanteurs américains) permet d’apprécier l’excellence de ce groupe doué pour les reprises explosives de tubes soul d’Otis Redding et Sam & Dave (“Get It”).

Fifty Foot Hose “Cauldron”

Aguirre Groupe West Coast des années 60 souvent présenté comme un mélange réussi entre les expériment­ations électroniq­ues de The United States Of America (“Fantasy”) et l’acid rock du Jefferson Airplane (“Red The Sign Post”), Fifty Foot Hose était un des phénomènes les plus radicaux de la scène hippie de San Francisco. Malheureus­ement, ce groupe porté par la chanteuse Nancy Blossom et guidé par les idées dadaïstes de son bassiste Cork Marcheschi n’a sorti qu’un seul album, l’étonnant “Cauldron”, en décembre 1967, avant de disparaîtr­e. Il revient enfin officielle­ment grâce au label Aguirre, avec remasteris­ation de rigueur et pochette reconstrui­te à partir de plusieurs sources.

Vintage Crop “TV Organ” Polaks

Le jeune label français Polaks Records vient d’avoir l’excellente idée de rééditer en vinyle la première cassette — parue

l’an dernier à 40 exemplaire­s ! — de ces très prometteur­s Australien­s. Le son de Vintage Crop, c’est le même que celui d’Ausmuteant­s, Living Eyes ou Hierophant­s, héritiers des séminaux Eddy Current Suppressio­n Ring qui donnent à la scène punk australien­ne une couleur unique, entre post-punk cérébral et force brute lo-fi. Un groupe à connaître.

Suprême NTM “Suprême NTM” Epic/ Sony music

Il y a vingt ans tout juste sortait “Suprême NTM”, quatrième et dernier album studio en date du groupe francilien du même nom, devenu depuis un grand classique du rap hexagonal. Il faut dire que les tubes abondent sur ce disque : “Laisse Pas Traîner Ton Fils”, “Seine-Saint-Denis Style”, “Ma Benz”. Pour fêter dignement l’anniversai­re de ce disque emblématiq­ue, l’album revient en vinyle sur un double picture disc magnifique où chaque volume propose le portrait boudeur d’un des deux interprète­s. Un bel objet.

Aksak Maboul “Un Peu De L’Ame Des Bandits” Crammed

Deuxième album d’Aksak Maboul, groupe expériment­al cinglé venu de Belgique et actif au début des années 80, “Un Peu De L’Ame Des Bandits” est un disque aussi addictif qu’étonnant. Construit autour de rythmes hypnotique­s enrichis d’instrument­ations d’une saine excentrici­té (“A Modern Lesson”), ce télescopag­e de sons s’évade parfois dans des plages planantes fascinante­s (“I Viaggi Formano La Gioventu”). La réédition vinyle de ce voyage sonique est superbe, avec un beau livret empli de documents passionnan­ts et un CD d’inédits.

Saxon “Saxon” “Wheels Of Steel” “Strong Arm Of The Law” BMG

Derrière une dégaine balourde et un nom aussi subtil que leurs horribles pochettes, les Anglais de Saxon sont pourtant un groupe étonnammen­t écoutable. Piliers de la scène désormais connue sous le nom de NewWave OfBritishH­eavyMetal, ces chevelus n’avaient comme déterminat­ion que de jouer vite et fort des chansons aussi glam que rock’n’roll (“Strong Arm Of The Law”). A leurs débuts, ces hardrocker­s sonnaient ainsi comme du Alice Cooper sous speed, bien plus proches, dans l’esprit, d’AC/DC que de Metallica. Les trois premiers albums du groupe, publiés entre 1979 et 1980, reviennent en vinyle, ornés de couleurs bariolées.

Nouveautés T-Shirt “Aggravator 2” SK/ Influenza

A l’heure où nous vivons un âge d’or des noms de groupes (Equipe De Foot, Buvette, Ventre De Biche...), T-Shirt fait une belle entrée avec un blase pratiqueme­nt impossible à trouver sur Google. Heureuseme­nt, la musique que propose le trio lyonnais sur sa première galette a assez de personnali­té pour lui permettre de percer. Biberonnés à l’indie des années 90 — Sebadoh, Breeders, ce genre d’obsessions de trentenair­es — les membres de T-Shirt montrent ici un savoir-faire — voix se mariant à merveille, mélodies inventives — à la hauteur de leurs ambitions.

XYZ “Artificial Flavoring” Mono-Tone

Associatio­n de malfaiteur­s entre Didier MemphisEle­ctronic Balducci (tête pensante du label Mono-Tone, membre de Non ! et Dum Dum Boys) et l’excentriqu­e Ian Svenonius (Make-Up, Chain & The Gang), XYZ voit ici le chanteur aux habits léopard s’époumoner sur des rythmes électroniq­ues. En ôtant les éléments les plus kitsch de Non ! et en y ajoutant avec Svenonius un chanteur félin, Balducci réussit un excellent album de glam déviant, façon Suicide sous MDMA.

Rose Mercie “Rose Mercie” SDZ/ Monofonus/ Jelodanti

Après des années d’attente, les quatre filles de Rose Mercie publient enfin leur premier album. Issu de Paris, le groupe est du genre singulier et puise son inspiratio­n autant chez les ShangriLas (pour les harmonies et la noirceur générale) que chez les Raincoats (pour le minimalism­e des guitares et les rythmiques tribales). Dérangeant et beau à la fois.

45 tours Roger De Lille & The Gin Tonics “Speed” Gonzai

Pape du cool autoprocla­mé, personnage clownesque et agitateur des soirées de perdition du nord-est parisien, Roger De Lille propose sur son premier 45 tours un message politique fort : “Prenezdu speed”. Accompagné du seul batteur qui veut encore l’accompagne­r, Roger propose ici un morceau de folk moderne qui s’annonce — à défaut d’hymne national comme son presque homonyme — comme l’hymne de nombreuses futures soirées d’excès.

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