John Parish
THRILLJOCKEY/DIFFER-ANT John Parish n’est pas un perdreau de l’année. Il ne va pas non plus chambouler les classements des charts pop. Mais c’est un sacré musicien. Mieux que ça, un artiste — terme malheureusement galvaudé dans la musique populaire. Il doit bien sûr sa notoriété à son travail avec PJ Harvey, avec qui il travaille depuis plus de vingt ans. Ils ont d’ailleurs enregistré ensemble, en 1996, un très bel album à redécouvrir, “Dance Hall At Louse Point”. Puis, parallèlement, il a produit à peu près tout ce que le rock compte de gens intéressants : Giant Sand, Eels, Aldous Harding, et, évidemment, Sparklehorse, groupe du génial et regretté Mark Linkous, notamment le sublime album “It’s A Wonderful Life”. Mark, John et Polly Jean étaient amis, et ces deux derniers rendent ici hommage au premier sur “Sorry For Your Loss”, titre magnifique interprété par Harvey, emmené par un banjo bringuebalant et une basse au son exceptionnel (comme sur tout le reste du disque). Quand elle chante “Thesunnever felt col der/Thew in dowratt le dand I won dered if you’ djustp as se do ver” (Linkous s’est suicidé en se tirant une balle dans la poitrine), on craque... Ailleurs, Parish chante, très bien, d’une voix qui rappelle certains grands Anglais comme Bill Pritchard (écouter le superbe “The March”). Il y a même une chanson qui devrait être un hit — dans un monde idéal : la somptueuse “Rachel”. D’autres titres sont de délicats instrumentaux, originaux, qui évoquent ici certaines expérimentations du rock allemand seventies, là l’orgue d’église de Rick Wright — voire la face B de “Heroes”, ce sommet inégalé. Bref, un album génialement hétéroclite. Les meilleurs ! STAN CUESTA