Ghost
Entre ses débuts fracassants mais restés plutôt confidentiels et le phénomène qu’il est devenu, Ghost a beaucoup appris et assume désormais pleinement son statut d’entertainer heavy numéro un. Ghost, ou plutôt le Suédois Tobias Forge, son démiurge. Passant d’un avatar macabre à un autre, Forge troque la coiffe papale de Papa Emeritus III et se glisse cette fois dans la peau du Cardinal Copia. Qu’est-ce que cela implique pour ce quatrième album ? A vrai dire pas grand-chose. Ghost semble avoir trouvé avec son album précédent, le très réussi “Meliora”, un rythme de croisière qui continue ici de battre son plein, avec plus d’emphase encore. Lancé sur un riff saccadé évoquant immanquablement “Crazy Train” d’Ozzy Osbourne mais aussi Blue Öyster Cult, “Rats” ouvre l’album sur la promesse d’une virée décomplexée dans un monde où les horloges se seraient arrêtées en 1982, quand le heavy metal ne lésinait pas sur les moyens. Ghost gonfle les muscles sur le très binaire “Faith”, nous rappelle qu’il révère Depeche Mode sur “I See The Light” et s’engouffre un peu plus dans des territoires progressifs évoqués sur leurs précédents disques avec des titres plus longs et emphatiques, tels l’enchaînement de l’instrumental “Miasma” et de la pièce maîtresse “Danse Macabre”, deux segments complémentaires faisant la part belle aux synthétiseurs, soli virevoltants et saxophone. On se croirait presque dans une variation heavy metal de la bande son de “Footloose”. Voilà qui ne sera pas du goût de tous, mais cette assurance dans la démesure force le respect et incite à tendre l’oreille. Après plusieurs écoutes, “Prequelle” révèle des qualités qui dépassent son enveloppe clinquante.