Rock & Folk

Jon Hopkins

- “Singularit­y” JEROME SOLIGNY

DOMINO Depuis 1975 et la parution de “Epsilon In Malaysian Pale”, le deuxième album solo d’Edgar Froese, on sait que la musique électroniq­ue (encore un peu analogique sur les bords à cette époque, puisque l’instrument qu’on entend principale­ment dans la première des deux pièces du 33 tours est un Mellotron à bandes) peut être terribleme­nt romantique. Né quatre ans après la sortie de ce disque, l’Anglais Jon Hopkins n’a pas vécu en direct l’ambient et le krautrock des orgines, mais on imagine qu’en grandissan­t ce musicien éminemment doué s’est régalé à cette double fontaine. Peut-être même est-il passé par “Playground”, le CD magique de Marzipan & Mustard paru sur Millenium il y a deux décennies (disque du mois, R&F 577). Car dans ce cinquième album d’Hopkins depuis “Opalescent” en 2001, il est question de choses similaires. De transe, d’electronic­a audible et jouissive à vriller les sens, d’after-techno en somme, mais aussi de dunes sonores balayées de vent liquide, d’épaules soufflées par des râles. A la furie du monde, au suicide programmé de l’homme dont le singe aurait eu honte de descendre, Jon Hopkins oppose la beauté harmonique de “Feel First Life”, la débâcle sensuelle de “COSM”, les pianos pondérés de “Echo Dissolve” ou “Recovery”. Dans l’esprit du glorieux “Light Through The Veins” recyclé par Coldplay en ouverture de “Viva La Vida” (Eno avait invité Hopkins à une séance u disque et il est resté pour tout l’enregistre­ment du quartette pop), “Luminous Beings”, à l’évanescenc­e très 80, est la plage la plus longue et la plus belle de cette oeuvre à part, constituée d’instrument­aux panoramiqu­es auxquels il ne manque rien, et surtout pas des paroles. A ses machines, Jon Hopkins fait crier ce qu’il veut. Comprenne qui pourra.

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