Wilko Johnson
CHESS/MERCURY/UNIVERSALMUSIC Non seulement Wilko n’est pas mort, mais il sort son premier album solo depuis 13 ans. 11 heures d’opération, l’ablation d’une tumeur pesant 3 kilos et hop, celui dont on commençait à rédiger la nécro renaît tel le phénix. “Rien de tel que de s’ entendre dire qu’ on va crever pour vous faire sentir envie!”, déclarait le guitariste historique de Dr Feelgood pour la promo de ce “Blow Your Mind” aux riffs aussi énervés que ceux balancés en 1975 sur “Down By The Jetty”. En mode power trio avec les fidèles Norman Watt-Roy (ex-Blockheads) à la basse et Dylan Howe (oui, le fiston de Steve Yes Howe) à la batterie, Wilko livre un album ardent, brut, intemporel et inespéré. Le producteur Dave Eringa, déjà aux commandes de l’album en binôme avec Roger Daltrey (“Going Back Home” en 2014), semble avoir laissé libre court à la rage électrique de ce brelan d’as qui exécute les 12 titres du LP sans reprendre son souffle. “Quelquepart danslenoir,ilyaunehorlogequi comptemesheures”, lâche-t-il dans “Marijuana”, qui évoque son périple hospitalier et tout le bien que lui procure le cannabis sativa. “Tell Me One More Thing”, épicé d’un harmonica tranchant sur un beat saccadé, déborde d’énergie tandis que “That’s The Way I Love You” rappelle les plus riches heures du pub rock, dans toute sa réjouissante simplicité. Wilko, qui fêtera ses 71 printemps le 12 juillet prochain, fait la musique qu’il aime, et ça se sent : qu’il se mette dans l’ambiance bluesy sur “Say Goodbye” ou qu’il flirte avec le boogie sur “Beauty”, le frénétique guitariste tape dans le mille à chaque coup, et le slow instrumental “Lament” ajoute une (septième) corde à son arc électrique. GoWilko. OLIVIER CACHIN