Paul Rodgers
QUARTOVALLEY Free (1967-1973), l’une des deux meilleures formations issues du blues boom britannique, laisse un impérissable souvenir. Le départ définitif de Paul Kossoff (1950-1976), soliste émouvant, puis d’Andy Fraser (1952-2015), compositeur et bassiste inventif, anéantissent tout espoir de réunion. Paul Rodgers (voix) et Simon Kirke (tambours) triomphent avec Bad Company (1974-1982). Le répertoire de scène du chanteur fait depuis une large place aux succès de ce groupe, omettant presque entièrement ses autres projets, Firm (avec Jimmy Page), Law (avec Kenney Jones), Queen (sic) et hommages divers (Hendrix, Muddy Waters, etc.). Pourtant, il n’oublie pas Free — comment le pourrait-il ? — et entreprend une tournée pour fêter le cinquantième anniversaire de son premier groupe. Elle se termine au Royal Albert Hall le 28 mai 2017. Entouré par les musiciens de Deborah Bonham — Peter Bullick (Gibson Les Paul sur Marshall, comme Koss), Gerard Louis (claviers), Ian Rowley (basse Gibson EB, comme Fraser), Richard Newman (batterie) — Paul Rodgers dans une forme vocale étonnante fait revivre des merveilles, “Be My Friend”, “Ride On Pony”, “Woman”, “Walk In My Shadow”... Certains s’en seraient peut-être passés, mais on comprend qu’il était impossible que “All Right Now” ne figurât pas dans le répertoire. “The Hunter” (Albert King, 1967), “Fire And Water”, “Stealer”, “My Brother Jake”, “A Little Bit Of Love” ou “Wishing Well” font également partie des indispensables. Pour les fans, c’est un rêve qui, enfin, se réalise : un hommage à Free par le seul chanteur qui soit à la hauteur de la gageure. A l’évidence, il y a pris autant de plaisir qu’eux. JEAN-WILLIAM THOURY