Rock & Folk

Barry

Connu pour avoir été Fonzie, le blouson noir frimeur de la série “Happy Days”

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Certes, Netflix balance de manière métronomiq­ue des kilotonnes de séries.

A tel point qu’on finit par se demander si les autres tiennent le choc. HBO par exemple... Que devient donc la chaîne fétiche de Time Warner, à l’origine du nouvel âge d’or des séries TV dans les années 90, avec de mythiques feuilleton­s (comme on disait avant) comme “Oz”, “Les Soprano”. Ou, pour remonter plus en arrière, “Dream On” et “Sex And The City”. La même HBO qui a battu des records d’audience mondiaux avec “Game Of Thrones” (dont Barack Obama n’a jamais raté le moindre épisode) et a créé “Sur Ecoute”, considéré par tous comme étant la meilleure série de l’histoire de télévision. Après quelques faux pas ces derniers temps, que ce soit en termes de qualité (la déception de “Vinyl”, la série de Scorsese sur le rock) ou en termes de succès (le pourtant magnifique “The Young Pope” de Paolo Sorrentino dont l’audience limitée n’empêchera pas une saison 2, à venir en 2019), HBO a fini par se rattraper. Notamment avec “Westworld” (série du mois, R&F 592) et, désormais, la modeste (en budget comme en durée) “Barry” et ses 8 fois trente minutes. Regardable, donc, d’une traite en une soirée bière et pizza à la coule. Une comédiedép­ressive d’action où Barry Berkman, ancien marine devenu tueur à gages de seconde zone, doit honorer un contrat de plus. Sauf qu’en tombant par hasard sur une petite troupe de théâtre dans un quartier de Los Angeles, il découvre sa véritable vocation : devenir comédien... Et voilà qu’il partage sa vie compliquée entre ses deux jobs : l’acting et le killing ! Il continue d’éliminer qui de droit tout en suivant, dés qu’il en a le temps, les cours d’un vieux prof visiblemen­t sous influence de l’Actors Studio et qui, comme les autres élèves, ne sait rien de la double vie de Barry. En bonus gai de sa vie triste, Barry tombe également sous le charme d’une apprentie actrice, avec laquelle il va enfin se sentir en totale adéquation amoureuse. Le reste tient du vaudeville burné... Avec entre autres, des tueurs tchétchène­s à la ramasse qui viennent mettre leur dose d’embrouille­s dans la vie déjà bousculée du tueur... Une série jouissive, tenue au froncement de sourcil près par le jeu droopyesqu­e de son acteur principal (également coscénaris­te), l’excellent Bill Hader, connu outre-Atlantique pour ses participat­ions déjantées à l’institutio­n “Saturday Night Live”. Gauche, dépressif, tueur sans larme ni regret, Bill Hader réussit — malgré son habitude de zigouiller son prochain — à attirer la compassion. Il pourrait presque être un personnage déglingué d’un film des frères Coen, avec lesquels, d’ailleurs, “Barry” à un léger cousinage. Dans l’humour noir à froid, les gunfights maladroits et les méprises hilarantes. Notamment quand le prof de théâtre est persuadé que Barry s’exerce pour un rôle devant lui alors que ce dernier ne fait que lui dire la vérité sur son statut de flingueur. Dans le rôle du prof, justement, on prend un plaisir nostalgiqu­e à retrouver Henry Winkler, connu des plus vieilles génération­s pour avoir été Fonzie, le blouson noir frimeur de la série “Happy Days” il y a quatre décennies. Winkler composant à merveille un prof qui apprend à ses élèves à puiser dans leurs émotions personnell­es pour mieux composer un personnage. Des émotions cachées qui finissent par remonter dans le ciboulot de Barry, faisant du coup bifurquer la série dans une mélancolie bienvenue (enreplaysu­rOCSCity).

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