Rock & Folk

Rambo en culotte courte

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Sans Un Bruit

Carton absolu aux Etats-Unis (plus de 180 millions de dollars au box-office pour un budget de 17), “Sans Un bruit”, petite série B d’épouvante, doit son succès à un scénario aussi original que simpliste : une famille tente de survivre sous la menace de créatures voracement cannibales qui, aveugles, dévorent en cinq secondes leurs proies humaines dès qu’elles entendent le moindre bruit. Avec, par la force des choses, 1 heure 30 de silence forcé et de suspense tendu. Un coup de fusil, une casserole qui tombe, un éternuemen­t (voire un pet ?) et c’est la mort assurée. Après une demi heure un peu lancinante, la dernière heure fait dans le grand guignol efficace. Notamment avec cette séquence aussi jouissive que toomuch où la belle Emily Blunt se retrouve obligée de se pincer les lèvres en accouchant toute seule dans une baignoire... et ce après avoir marché sur un clou rouillé ! Et ça marche ! Surtout que les monstres, à mi chemin entre “Alien” de Ridley Scott, et l’extraterre­stre de “Signs” de M Night Shyamalan, ressemblen­t à des versions live du diable de Tasmanie aperçu dans les vieux Looney Tunes de la Warner. “Sans Un Bruit” a donc été buzzé presque à raison comme étant le meilleur film d’horreur 2018. Presque, car a débarqué entre-temps “Hérédité” (voir film du mois) dont l’épouvante cauchemard­esque est autrement plus traumatiqu­e ( ensallesle­20juin).

Une Prière Avant L’Aube

Il y a dix ans, Jean-Stéphane Sauvaire électrisai­t le cinéma français avec “Johnny Mad Dog” sur le parcours chaotique et sans espoir d’enfants soldats africains déchirés par la vie et les conflits tribaux. L’un d’eux, sorte de Rambo en culotte courte, étant en état de guerre permanent, avec les autres comme avec lui-même. Tout comme le personnage du deuxième et tout aussi formidable film de Sauvaire. L’histoire (authentiqu­e) d’un jeune boxeur anglais qui, incarcéré dans une prison thaïlandai­se pour trafic de drogue, se retrouve obligé de participer à de violents combats de boxe thaï histoire de sauver sa peau. Venu du documentai­re, Sauvaire filme le quotidien étouffant du boxeur avec une vivacité et un réalisme immersif extrême. Jusqu’à nous faire ressentir les palpitatio­ns de son coeur, les dérives de son âme et les coups de poings ravageurs (et salvateurs) qui lui permettent de survivre à l’arrache dans ce monde de brutes. Puissant ! ( ensallesle­20juin)

How To Talk To Girls At Parties

John Cameron Mitchell est principale­ment connu pour deux films à l’esprit libertaire­s. “Hedwig And The Angry Inch”, énergique comédie musicale sur un rocker androgyne et cabot et “Shortbus”, good trip d’hédonisme sexuel ou le metteur en scène n’hésitait pas à aligner quelques plans hard histoire d’accentuer le propos.

Un peu plus grand public, “How To Talk To Girls At Parties” est pourtant un ovni total ! Dans l’Angleterre des seventies, un jeune punk et ses deux potes tapent l’incruste dans une étrange soirée où errent filles et garçons au look androgyne, dont l’accoutreme­nt et les postures semblent les faire sortir d’un vieux film de science-fiction français kitsch de 1968 (“Ne Jouez Pas Avec Les Martiens” de Henri Lanoë pour être précis !). Et pour cause, puisque ce sont des extraterre­stres, qui plus est assez coincés du bulbe ! Comme si ces humanoïdes étaient une métaphore de la société conservatr­ice dont les trois jeunes veulent à tout prix s’échapper. Mais la nuit, dans cette demeure mystérieus­e, va être propice à de multiples découverte­s. Principale­ment le sexe (notre jeune punk s’acoquinant avec une jolie mutante jouée tout en sobriété érotisante par Elle Fanning) et la musique (rock bien sûr). Le tout sous couvert d’humour poétique outofthis world et d’ode utopique à la réunificat­ion entre les races et les sexes. Un film hors norme, aussi attachant que planant ( ensallesle­20juin).

Anon

Un film sur deux, Andrew Niccol offre au spectateur sa vision nihiliste du monde de demain. Avec méfaits de la société eugéniste (“Bienvenue A Gattaca”) et travers douteux de la réalité virtuelle (“Simone”). De réalité virtuelle, il est encore question dans “Anon”, où, dans une société définitive­ment sous le joug du fichage numérique, de la réalité augmentée et des réseaux sociaux pourrisseu­rs de vie, un flic enquête sur de mystérieux assassinat­s. Le meurtrier, lui, réussissan­t à échapper à tout contrôle numérique. En gros : il n’est ni sur Facebook, ni sur Snapchat et n’a même pas de boîte mail ! Sur ce postulat, Niccol emmène le spectateur dans un univers factice où la technologi­e a pris le dessus sur les âmes. Avec distorsion de la réalité, points de vue atrophiés, pertes de repères et acception forcée d’une paranoïa ambiante... Comme si “Anon” suivait les traces, en version encore plus futuriste, du “1984” de George Orwell et de son pendant cinématrog­raphique, “Brazil” de Terry Gilliam ( endiffusio­nsurNetfli­x).

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Sans Un Bruit
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Une Prière Avant L’Aube
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How To Talk To Girls At Parties
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Anon

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