Rock & Folk

Mick Ronson

“BESIDE BOWIE : THE MICK RONSON STORY” Eagle Vision

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L’ironie des parutions, qui n’a d’équivalent que celle du sort, fait qu’on a choisi de consacrer cette rubrique pré-estivale au guitariste anglais le plus influent de sa génération et à un autre, moins connu, qui a marché plus que dignement dans ses traces. Michael Ronson, de Hull, était également de ces musiciens qui, toutes proportion­s gardées, préfèrent l’ombre à la lumière, un échange de regards à un long discours. Devenir une Araignée de Mars était peut-être sa destinée, mais il ne l’a compris que tard. David Bowie, qui a longtemps eu un coup d’avance et voyait à travers les gens, l’a poussé sur le devant de la scène et, le temps qu’a duré le groupe de Ziggy Stardust (même pas deux ans), Ronson l’a épaulé le mieux qu’il a pu. Logiquemen­t, dans “Beside Bowie”, l’accent est mis sur cette période cruciale de la carrière du guitariste. Mais qui, il faut être honnête, n’en a pas eu vraiment d’autres. Pourtant, les défenseurs de la cause de ce héros méconnu de la grande histoire du rock ont parfois tendance à soutenir le contraire. De plus, beaucoup n’ont jamais pardonné à Bowied’ a voir “viré comme un mal propre” ce partenaire qui a participé à son accession à la gloire. Ils ne voyaient pas beaucoup plus loin que le bout de leur nez qui n’était pas creux. Car lorsque David Bowie a décidé de “changer” à l’été 1973, Mick Ronson, lui-même, estimait que la parenthèse Ziggy devait être refermée. En revanche, il n’avait peut-être pas compris qu’il serait le dommage collatéral le plus important et donc le plus dramatique de la carrière de Bowie. Quarante-cinq ans après qu’il l’a entamé, le virage soul du musicien versatile est un de ceux que son public a le mieux assimilés, mais à l’époque, il y avait de l’incompréhe­nsion dans l’air. En vérité, si un reproche doit être adressé à David Bowie, ce n’est pas d’avoir dissous les Spiders. Son erreur est de ne pas avoir fait le nécessaire pour que Ronson, d’une manière ou d’une autre, tire un véritable profit financier de leur associatio­n. Car de “The Man Who Sold The World” à “Pin Ups”, c’est bien de cela dont il était question : Mick a coarrangé toutes les chansons écrites par David durant cette période, ainsi que celles qu’il a produites. Sa contributi­on aux classiques que sont “Life On Mars ?”, “Rock’N’Roll Suicide”, “Time” ou “Lady Grinning Soul”, comme celle à “Walk On The Wild Side” et “Perfect Day” pour Lou Reed ou “All The Young Dudes” pour Mott The Hoople, méritait mieux que le maigre cachet qui était le sien au moment des faits. Un point ou deux de royalties sur ces disques aurait amélioré son ordinaire de l’après-Bowie et joindre les deux bouts aurait été moins compliqué. Parmi les interviewé­s ici, les vrais proches (Tony Visconti, Ian Hunter, Dana Gillespie...) ne le disent pas, mais n’en pensent pas moins. Dans ce documentai­re amorcé par Suzi Ronson, la femme de Mick dont il était séparé au moment de sa mort en avril 1993, et réalisé par Jon Brewer, le reste de sa carrière est survolé (ses collaborat­ions avec Michael Chapman, Elton John, Bob Dylan, les Rich Kids, Morrissey...), mais là où le bât blesse, c’est dans le choix des intervenan­ts. Woody Woodmansey, seule Spider survivante, Ken Scott et John Cambridge, le batteur qui a suggéré à David Bowie de travailler avec Mick Ronson brillent par leur absence qu’on espère de leur fait. Enregistré­es à la demande de Suzi en 2013, les quelques déclaratio­ns de David Bowie en voix off ajoutent de la gravité, mais on ne comprend pas bien pourquoi, une photo du “1980 Floor Show”, le concert filmé pour la télévision américaine en octobre 1973, illustre la jaquette du DVD, du Blu-ray et de sa BO (déclinée en CD et double-vinyle). Lors de cette dernière montée sur scène (ensemble) des années 70, le torchon brûlait entre les deux musiciens. Utiliser n’importe quelle photo prise par Mick Rock en 1972 aurait été plus délicat.

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