Rock & Folk

Wilko Johnson

Le miraculé guitariste sort un nouvel album purement rock.

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“Aujourd’hui, Canvey est vraiment une autre ville. Cette mémoire ouvrière n’existe plus”

“L’homme a juste besoin d’un peu de bonheur”, disait Charles Dickens. L’homme, qui revient d’entre les morts, comme Lazare sorti du tombeau, et qui ne devait vivre que quelques mois après l’annonce d’un cancer au pancréas en 2013, a vaincu. Et pourrait faire sienne la phrase du grand Charles. A 71 ans, l’ex-guitariste, parolier de Doc Feelgood, où au fond il n’aura passé que 6 ans, quittant le groupe avant la sortie du quatrième album pour se consacrer à sa propre carrière, sort un album solo trente ans après “Barbed Wire Blues”. “Blow Your Mind” ne comporte pas de “quelconque message d’espoir ni de quelconque concept, il y a juste une chanson qui évoque ma maladie, ‘Marijuana’. Cet album c’est du rock comme je l’ai toujours joué.”, dit-il d’une voix qui grasseye au début pour trouver sa chaleur comme

un ampli à lampes une fois à températur­e. Il évoque Canvey Island, “une ville qui, à la fin des années 60, avait mauvaise réputation. Mais pour moi elle était à la fois funky, rurale, ouvrière pour l’ado que j’étais et qui jouait au sein d’un groupe de skiffle devant le Monico. Puis, avec les années au sein de Feelgood, on a joué de cette mauvaise réputation que nous nous plaisions à exagérer. C’était une époque où l’on s’est tous construits en écoutant les radios pirates. Je me souviens d’ailleurs qu’à 11 ans, j’ai changé d’école pour aller à Southend-on-Sea (ville voisine) pour intégrer la grammar school (ceux qui échouaient allaient en secondary technical school). Les gens de Southend étaient presque effondrés de savoir que j’habitais Canvey”, se marre-t-il. “Aujourd’hui, Canvey est vraiment une autre ville. Cette mémoire ouvrière n’existe plus : les raffinerie­s ont fermé, les cheminées ont été détruites et les torchères aussi. En fait, dès que j’ai eu un peu d’argent je suis moi aussi parti. Mais il reste des fragments de mémoire qui eux, aussi, disparaiss­ent petit à petit. Comme le pub Admiral Jellicoe, que je ne fréquentai­s pas, mais mon père, oui. Il était installate­ur de chauffage central et je me souviens qu’il y allait pour célébrer, comme ça se faisait, la semaine de Noël”. Et aujourd’hui ? “Tout va parfaiteme­nt. J’étais donné pour mort et avais intégré que je devais prendre les jours qui me restaientc­omme un dernier restant de bonheur avant de partir. Puis j’ai guéri, et cette guérison m’a plongé étrangemen­t dans une sorte de mini dépression ”, dit–il.

Et de conclure : “Ce disque c’est du rock. N’y cherchez rien d’autre.” JLLT Album “Blow Your Mind” (Universal Music)

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