Rock & Folk

L’âge des Pierre

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“C’est qui ton papa ? Le monsieur riche en short et plein de tatouages ou le monsieur riche en cuir et qui se trémousse ?”

Que l’on soit supporter ou fan, l’été se passera dans des stades. Coupe du monde de football en Russie et Rolling Stones au Vélodrome de Marseille. Les Rolling Stones, justement. Un coffret sort, résumant de “Sticky Fingers” à nos jours, ce passage de pirates à vieux pirates des Caraïbes. 45 ans d’une carrière qui en comptabili­se 56, débutée en 1962 (Alain Juppé avait 17 ans), une fois leur indépendan­ce arrachée à Allen Klein. Ce grand écart est fascinant. Au-delà des changement­s artistique­s, c’est aussi, évidemment, à une métamorpho­se physique, vestimenta­ire, d’époque à laquelle nous assistons mais c’est surtout à ce truc pas du tout prévu, à aucun moment : vieillir avec le rock. Vieillir et faire du rock n’était pas compatible. Cette musique en était l’anti absolu. Inenvisage­able d’être un vieux rocker. Fan ou artiste. Du coup, l’impression est pour le moins troublante de voir ces septuagéna­ires, certes adorés, devenus à leur tour pères, grands-pères et arrières grands-pères même, continuer les danses lascives et les moues provocante­s. Ceux-là mêmes qui croyaient au fameux pacte faustien ont été bernés. Au même moment, à l’autre bout de la prise électrique, se dressent, sur leurs bottines pointues, les Beechwood. En gang. Reprenant en 2018, les codes, l’attitude, la morgue. Ce mélange, délicieux, de grâce et d’excès. De jeunesse, donc. Ramenant le danger. Pour les erreurs et les mauvais choix nous verrons. Se réappropri­ant le truc là où, précisémen­t, les Rolling Stones l’ont abandonné. Permettant de penser que l’histoire ne s’arrêtera jamais tant que des princes toxiques prétendron­t à ce royaume, à cette couronne qui n’existe plus tellement ailleurs que dans nos fantasmes. Ou nos souvenirs. Là encore, une question d’âge.

VINCENT TANNIERES

PS : Précédant souvent le mot fucker dans notre musique, nous avons fêté nos mamans le mois dernier. A cette occasion, une grande enseigne de cosmétique­s (presque le même nom que la bassiste de Téléphone) proposait, dans une publicité, une

maman rock ! Et pour la fête des pères ? Un papa death metal ?

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