Les Wampas
“... VOUS AIMENT” EUROBOND
En trente ans d’activisme, les Wampas ont multiplié les enregistrements mais l’album qui continue de briller d’un éclat inégalé est celui qui les fit basculer dans le statut de groupe culte. En 1990, ils existent depuis sept ans et bénéficient d’une réputation flatteuse avec leur rock psycho sous influence directe des Meteors et des Ramones. Après deux disques impulsifs, un petit label va alors leur octroyer les moyens de réaliser ce dont rêve depuis longtemps leur chanteur, Didier Wampas : peaufiner de véritables chansons pour retrouver la recette des tubes imparables qui ont rythmé son adolescence, entre pépites rock’n’roll et sucreries variétés. Il peut s’appuyer sur la force et l’efficacité d’un quatuor soudé, dans lequel l’efficacité rythmique est depuis cinq ans relayée par la grâce très sixties d’un guitariste chevronné, Marc Police, adepte de surf music qui a déjà officié avec Vince Taylor et Jezebel Rock : son influence se révèle primordiale pour le son du groupe, et son suicide, un an plus tard, ouvrira une brèche stylistique qui reste toujours béante. Ses riffs inspirés collent totalement avec le projet d’ensemble : un brassage iconoclaste où l’énergie héritée du punk permet de revisiter avec fougue les archétypes du rock’n’roll. Avec force “yeah yeah” et “la la la”, réduisant les textes à quelques phrases et beaucoup d’onomatopées, privilégiant les tempos rapides et les soubresauts concis, Les Wampas revendiquent l’étiquette
yé-yé punk qui leur collera ensuite d’une manière indélébile. Ils offrent en fait une sorte de quintessence du punk à la française avec des salves successives : hommage à la scène alternative de l’époque (“Puta”), flambée teintée de rockabilly (“L’Eternel”), défoulements jouissifs (“C’Est Facile De Se Moquer”, “Tataratatata”, “Ce Soir C’Est Noël”), manifeste fun (“Quelle Joie Le Rock’n’Roll”) et même une touchante ballade sentimentale directement inspirée de Johnny Hallyday (“Petite Fille”). L’approche vocale est au diapason et les dérapages plus ou moins contrôlés instaurent l’originalité de Didier et son personnage de grand déjanté. Cet album inspiré se caractérise par son culot, sa fraîcheur, sa fougue et la verve de son propos, entre dérision et premier degré. Et son impact mélodique, d’inspiration très pop, lui garantit un charme intact par-delà les années.