Rock & Folk

The KLF

- VALERIE COROLLER

“THE WHITE ROOM” KLF

Eté 1988 : le royaume de sa très Gracieuse Majesté connaît son premier summer of love. Toute ressemblan­ce avec l’espion de John Le Carré étant purement fortuite, Smiley devient le héros souriant de la nouvelle génération Aciiiid dont les bras s’élèvent à l’unisson sous la voûte céleste quand résonne l’hymne “What Time Is Love” signé KLF. Eté 1989 : la furia raviste est à son zénith et vibre au rythme des M 25 parties de trois à quatre mille pékins improvisée­s autour de l’autoroute M 25 qui s’étend de part et d’autre de la capitale londonienn­e. 1990 : des signes de fatigue apparaisse­nt chez les hordes ecstasiées mais pas chez les deux têtes bpmées de KLF, Bill Drummond et Jimmy Cauty, qui s’offrent le luxe d’être numéro un des charts en reprenant leur propre “What Time Is Love”. Mais, force de frappe à pseudonyme­s multiples (Jams, Justified Ancients Of Mu Mu, Timelords), le Kopyright Liberation Front ne s’en tient pas là car, avec la sortie de son album “Chill Out”, il marque la naissance de l’ambient, house épurée de toute structure rythmique ou revival des planeries seventies de Gong ou Tangerine Dream. Ironie de l’histoire, c’est à cette époque que Jimmy Cauty retire définitive­ment ses billes de l’expérience The Orb du docteur Alex Patterson, dont le premier et double album publié un an plus tard (“Adventures Beyond The Ultraworld”) revendique­ra également la paternité de l’ambient. 1991 : les collectifs d’obédience sound-systems tiennent le haut du pavé créatif avec les “Blue Lines” de Massive (Wild Bunch), le “Emotional Hooligan” de Gary Clail (On-U Sound) et “The White Room” du KLF qui tire, et pas à blanc, sur tout ce qui bouge, a bougé ou bougera. Sur un növo-dub en devenir avec un monstrueux “No More Tears” où des youyous échoïsés entourent une “Truppet Line” piquée à King Tubby, pendant qu’une basse gravissime­nt dreadlocké­e enveloppe des toasts beurrés de soul. Sur une jungle à venir avec “White Room”, dont les breakbeats amphétamin­és sont escortés de sirènes hystérique­s. Sur un rock (moribond ?) avec des samples allant de “Kick Out The Jams” (le fameux “What Time...”) à des crowd noises Doors ou U2. Sur une techno discoïde avec “3 AM Eternal”, tube traversé de bleeps et de rafales de mitraillet­tes à même de réveiller des stades avachis. Kolossal.

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