Rock & Folk

Happy Mondays

- DAVID ANGEVIN

“PILLS ‘N’ THRILLS AND BELLYACHES” FACTORY

Happy Mondays, groupe de petites frappes de Manchester défoncées en permanence, auteurs jusqu’alors de deux albums brouillons et déglingués à l’extrême (“Bummed” et “Squirrel & G-man”) qui laissaient entrevoir une énergie et un sens de la fête propre à foutre le feu aussi facilement chez les jeunes amateurs de dance que chez les intégriste­s rock. “Pills ‘n’ Thrills And Bellyaches” (littéralem­ent Drogues, Fêtes et Maux d’Estomac), frappa en plein dans le mille. Avec son formidable single “Step On”, Happy Mondays fond sur les charts de la planète et Shaun Ryder devient une star en quelques semaines. Mais ce n’est pas seulement la réputation sulfureuse du groupe, habilement orchestrée par la maison de disques, et les déclaratio­ns tapageuses de Shaun qui propulsero­nt illico les Mondays au rang de stars énormes. La qualité des chansons y est

pour beaucoup. “Ecrire les paroles, c’est plus difficile que de trouver leurs putain de mélodies sur les putain d’instrument­s. Ils savent qu’ils ont le bon rôle, ces fils de pute. Même si la musique est bonne, des paroles minables rendent le morceau

affreux”, disait Shaun Ryder à la sortie du disque, à propos des autres membres du groupe. Dix titres en or massif, parfaite fusion entre dance music et rock primaire qui réchauffai­ent la poitrine. Qui était mieux placé que les Happy Mondays pour savoir ce qui se passait dans les clubs, pour se trouver sur la même longueur d’ondes que les kids de la Haçienda ? Shaun Ryder a été de toutes les nuits de Manchester, dealant toutes sortes de drogues pour survivre. Un pur produit des années ecstasy, des années dance, complèteme­nt jeté et analphabèt­e, un mutant garanti pure dope élevé en night-club, le hooligan doué d’une génération de fêtards, venu à la musique presque par hasard. Comment les Mondays ont-ils réussi un disque aussi important, aussi miraculeus­ement maîtrisé en prenant autant de drogues ? Seule la science peut répondre. “J’écris avec de l’opium. Beaucoup, beaucoup d’opium.”

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