Metallica
“METALLICA” ELEKTRA
Quatre garçons teigneux déboulent à fond la caisse dans le monde un peu endormi du hard rock de 1983 avec un album furieux au titre très clair : “Kill ’Em All”. Leur nom sonne comme un manifeste : Metallica. Le thrash metal (mélange de heavy metal à l’anglaise et de punk rock) est né, et la face du hard rock ne sera plus du tout la même. Huit ans plus tard, Metallica, devenu groupe phare de l’underground metal, sort son cinquième album. Un disque sans nom, à la sobre pochette noire, qui sera tout naturellement surnommé Black Album. Nouveau producteur, Bob Rock (Mötley Crüe, Bon Jovi...), et tournant important dans la carrière du groupe. Si l’aspect thrash n’est plus prédominant dans sa musique, Metallica a su associer le côté lyrique, entraînant et énergique du hard rock, et l’aspect lourd, froidement brutal et efficace du heavy metal pour en faire un style unique dans lequel il s’avère redoutable. Comme si “Smoke On The Water”, “Paranoid” et “Let There Be Rock” étaient fondus dans un nouvel alliage nommé Metallica. Une musique concise qui va directement à l’essentiel dans un dépouillement qui tient lieu de provocation. Dès le premier titre, le désormais classique “Enter Sandman”, avec son riff entêtant et son imparable refrain, Metallica réinvente le metal avec une insolence non feinte. Une insolence qu’on retrouve dans le chant d’un James Hetfield impérial, qui passe du mélodieux (la magnifique ballade “Nothing Else Matters”) à l’agressif (le furieux “Holier Than Thou”) avec une facilité que l’on sent jubilatoire et qui accentue encore l’aspect grinçant de titres comme le très beau et oppressant “The Unforgiven” et l’ironique “Sad But True”. Avec une telle alchimie, Metallica a réussi là le meilleur album de metal des dix dernières années, et gagné, du coup, les suffrages de toute une génération (plus de huit millions de Black Album vendus, rien qu’aux USA), faisant plus que résister à la déferlante grunge et renouvelant un genre décidément increvable.