Red Hot Chili Peppers
“BLOOD SUGAR SEX MAGIK” WARNER
Les années 90 sont à peine amorcées que les Red Hot Chili Peppers se retrouvent enfin dans la peau du groupe le plus convoité des USA. Même si “Mother’s Milk”, quatrième album paru en août 1989, a bien franchi la barre du million d’exemplaires vendus, le quatuor de Los Angeles estime que EMI, sa maison de disques de toujours, n’a pas fait le nécessaire pour que son succès soit encore plus éclatant. Les gens de Warner mettent dix millions de dollars sur la table pour réussir à convaincre ces rois de la fusion, lesquels choisissent immédiatement de se faire produire par Rick Rubin avec qui ils ont failli travailler par le passé. “J’ai toujours pensé que les Red Hot Chili Peppers ont été négligés ou qu’on ne les a pas suffisamment pris au sérieux”, déclarait le producteur des Beastie Boys et de Slayer avant de dénicher, pour enregistrer “Blood Sugar Sex Magik”, une ancienne propriété de Rudolph Valentino qui s’était déjà honorée des visites de Jimi Hendrix ou des Beatles. Dans un tel lieu, Flea et ses comparses se sentent transcendés, d’autant que le Midas de la production s’ingénie à leur concocter un son sec et dépouillé, le plus proche possible de leur son live. Le pari est tenu en huit semaines de séances et “Blood Sugar Sex Magik” se révèle dès sa sortie, en septembre 1991, à la fois comme le plus cohérent et le plus maîtrisé des albums des Red Hot Chili Peppers. La méthode Rubin a parfaitement fonctionné, comme en attestent les arrangements au cordeau de “Give It Away”, formidable exercice de rage fusionnel néanmoins dansant, ou de “Suck My Kiss”. Dominant le flux bouillonnant de leur funkcore sans perdre leur sens de l’humour, les Chili Peppers écouteront encore une fois Rubin lorsqu’il conseillera à un Anthony Kiedis hésitant d’enregistrer “Under The Bridge”. Grâce à cette ballade où sont évoquées les années de came, c’est la consécration aux USA où l’album est multi-platiné, et sur le reste de la planète. La fin d’une ère marquée quelques mois plus tard par le départ du guitariste John Frusciante, remplacé un temps par l’ex-Jane’s Addiction, Dave Navarro, avant retour au bercail de Frusciante. Une époque finalement marquée par le plébiscite commercial de “Blood Sugar Sex Magik” qui n’a en rien entamé l’authenticité des Red Hot Chili Peppers.