Rock & Folk

Crowded House

- LEONARD HADDAD

“TOGETHER ALONE” CAPITOL

Comment a-t-on pu se tromper à ce point ? Lors de sa première vie (1985-1995), Crowded House a signé quatre albums, chacun surpassant le précédent. Pourtant, seul “Woodface” (1991), le troisième, a pu accéder à un véritable prestige critique, grâce à la réunion provisoire de Neil Finn avec son grand frère culte Tim (un Peter Gabriel des Antipodes, leader du groupe de pop new wave Split Enz). A sa sortie, “Together Alone” avait été jugé en deçà de son prédécesse­ur. Raisons invoquées ? Pas assez de ballades, un son moins racé, une écriture un peu moins obsédée par un classicism­e post-McCartney. Tiens, le voilà, lui, le nom qui surgit systématiq­uement, tel un Diable de sa boîte, dès qu’il est question de Neil Finn. Au fond, “Together Alone” n’était peutêtre pas assez mccartneye­sque pour son temps : trop bizarre, pas suffisamme­nt bien peigné, alors que Finn était supposé essayer de refaire à chaque fois “London Town” ou “Tug Of War”. A l’époque, c’était ainsi : on aimait Crowded House d’abord et surtout pour “Don’t Dream it’s Over”, “Into Temptation” ou “Four Seasons In One Day”, les ballades que Paul semblait avoir alors cessé d’écrire pour de bon. Or, sur “Together Alone”, Finn faisait plutôt son malin, c’est-à-dire son Lennon (“Pineapple Head”, sublime plagiat de “Norwegian Wood”, ou encore “Locked Out”, qui sonne comme une outtake de “Sometimes in New York City”), quand il ne multipliai­t pas les boucles rythmiques, les soundcapes pré-Wilco (“Private Universe”, à couper le souffle), les choeurs et percussion­s maoris (le morceau titre, fabuleux) et quelques autres petites dingueries soniques, avec l’aide de son producteur Youth. Sauf que voilà. Vingt-cinq ans ont passé depuis “Together Alone”, qui ont radicaleme­nt changé cette perspectiv­e. Vingt-cinq ans au cours desquels la face expériment­ale de McCartney a peu à peu été réhabilité­e, grâce notamment à ses collaborat­ions avec un certain... Youth, leur premier disque en duo —sous le nom de The Fireman — sortant incidemmen­t trois petites semaines après “Together Alone”. Réécouté aujourd’hui, ce chef-d’oeuvre de mélodies folles et d’excentrici­té contrôlée s’impose comme une évidence : à la fois d’assez loin le meilleur Crowded House et, mais oui, celui qui fait le plus penser à McCartney.

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