Rock & Folk

Oasis

- CYRIL DELUERMOZ

“DEFINITELY MAYBE” EPIC

On ne remerciera jamais assez Oasis d’avoir redonné une fierté au rock anglais et incité des milliers de gamins à se détourner des machines pour retrouver le plaisir de jouer sur de vrais instrument­s. Grâce à un duo de frères dont la rock’n’roll attitude flirte souvent avec la caricature, le binaire d’outre-Manche connaît une embellie digne des plus beaux jours de 1977. Las de perdre son temps en officiant comme road guitar pour les insignifia­nts Inspiral Carpets, Noel Gallagher décide, en janvier 1992, de s’incruster chez Oasis, le quatuor de son frère Liam qui vivote à Manchester. Dans une ville qui a du mal à se remettre des années baggy, l’aîné des Gallagher dote en une douzaine de mois sa nouvelle formation d’un son et d’un répertoire où les influences seventies (T Rex, Gary Glitter, Slade, etc) voisinent avec les racines sixties (Beatles, Stones, etc). Quant au cadet, sa tendance à avoir l’alcool mauvais lui permet de bâtir une réputation punk à Oasis — il alterne bastons et déclaratio­ns stupides et péremptoir­es — tandis que son inimitable accent prolo de Manchester accentue le côté brut de décoffrage. Dès “Supersonic”, premier single publié en avril 1994, Oasis se pose en véritable sauveur du rock britanniqu­e. “I’m feeling supersonic/ Give me gin and tonic”, hurle Liam d’un ton déphasé alors qu’au-delà du mur de guitares dressé par Noel, la rythmique fait bloc. Cette bande de hooligans n’apporte strictemen­t rien de nouveau mais son interpréta­tion agressive et inspirée des vieilles ficelles du rock fait mouche. Les singles suivants (“Shakermake­r” et “Live Forever”) confirment son immense talent de recycleur avant de réussir en août 1994 avec “Definitely Maybe”, l’album (presque) parfait. En sus des titres déjà standards des singles précités, Oasis n’hésite pas à planter un “Rock’n’Roll Star” en guise de titre inaugural comme pour annoncer cyniquemen­t ce qui sera son futur statut. Peu de répit ou de temps mort sur ce “Definitely Maybe” mais des morceaux agressifs qui pètent le feu, où les Gallagher, toutes griffes dehors, mêlent morgue, assurance et insolence. Grâce à Oasis, Manchester et toute l’Angleterre ont retrouvé en 1994 une petite raison de sourire.

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