Rock & Folk

The Dead Boys

- PATRICK EUDELINE

“YOUNG, LOUD AND SNOTTY” SIRE

C’est comme un test. Il suffit de fouiller dans les rayons de la Fnac, de Gibert, où on voudra. On pourrait à première vue croire que tout a été réédité, d’Atomic Rooster au plus obscur des combos Pebbles, de Matching Mole à Savoy Brown. En fait, l’histoire est sélective : elle retient ce que l’époque adoube. Et des groupes comme les Dead Boys ou les Lords Of The New Church, Dr Feelgood ou les Damned, tout Thunders même, vivent leur purgatoire. Rien sur Stiv Bators dans les foutus rayons ! Trop eighties en pantalon de cuir, trop rock comme il ne faut plus l’être. Aussi hors sujet que les Inmates ou une compilatio­n d’harmonica blues. En fait, la fin des années 90 approuve à peu près tout : du rock allemand le plus ensuqué (le Moog, le Moog !) à l’Art Ensemble Of Chicago (Carl Craig, Carl Craig !), des Fifth Dimension (easy listening, easy listening !) à Kajagoogoo (années 80, années 80 !). Mais pas l’orthodoxie rock. Tout, mais pas ça. Pourtant... oui, il faut rechanter la romance du garçon qui lança du beurre de cacahuètes sur Iggy à Cincinnati en 1971 (premier fait d’armes adolescent immortalis­é par Rolling Stone) avant de monter à New York, en plein punk rock, fonder ses Dead Boys. Des garçons à la redresse, façon Heartbreak­ers ou Willy DeVille, qui savaient tout de l’uptown R&B comme de l’outrage. Et ce premier album des Boys est ainsi : déchiré entre nihilisme punk et obsession des racines retrouvées. Envapé des mauvaises sueurs du CBGB.

Stoned en un mot. Avec une Lydia Lunch adolescent­e qui crie dans le fond. Et des chansons qui tournent comme peu de gliches savaient le faire alors. Oui, “Roulette Russe”. Nos années punk. Depuis, Stiv a fait un beau cadavre plutôt que de vieillir bêtement. Et à Paris, qui plus est. Et sa chanson préférée fut toujours “It’s Cold Outside” du Choir. Et on ne vous en dira pas plus.

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