Rock & Folk

Van Halen

- PHILIPPE MANOEUVRE

“VAN HALEN” WARNER BROS

Les garçons de Van Halen (tous des lycéens de Pasadena) avaient la frime, le son, l’attitude. Pourtant leurs compatriot­es américains refusaient de signer leur groupe depuis 1973, en dépit du soutien des gens de Kiss. Arrivent les Guerres punk et à ce moment, le business inquiet se dit qu’il faut faire un signe à la jeunesse Au bénéfice du doute, Warner s’offre donc Van Halen (qui au fil du temps avait failli s’appeler Mammoth, Rat Salad, voire Real Ball Jets). Ce premier album est une énorme réussite. Van Halen est un groupe jeune, énergie à ras bord. Quant à Eddie, petit virtuose du tapping, il va vite donner du fil à retordre aux Clapton, Brian May et autres. D’emblée, il a inventé son style propre, unique. Ecouter ses morsures sur “I’m The One”. Frissonner sur l’énorme “Eruption”. Eddie Van Halen joue de la guitare comme on conduit une Corvette surgonflée la nuit en Californie, plein pot, en tapotant le volant et en picorant les auto-stoppeuses. C’est avec amour qu’il caresse sa drôle de guitare rouge striée de blanc... L’autre star de ce groupe qui a toujours pensé que “trop n’est pas assez” est son chanteur, David Lee Roth, quel mec. Un macho, un étalon en rut (ses cris de goret sur “You Really Got Me”, ses léchages de micro sur “Ice Cream Man”...). Mais qu’on ne s’y trompe pas, toute la beauté de cet album tenait dans la production rusée de Ted Templeman (Harpers Bizarre). Pour Van Halen, Templeman imagine le scénario du siècle. Devinant que derrière ce groupe de baloche spécialisé dans les reprises stéroïdées — le répertoire des kids inclut des hits de Martha & The Vandellas comme de Roy Orbison — se cache une vraie mine de diamants, il décide de jouer la carte d’une sophistica­tion sonore maximale, dégoulinan­t de décibels, veloutée dans les basses (“Atomic Punk”), ruisselant d’aigus (“On Fire”). Le premier Van Halen va immédiatem­ent conquérir la Californie (critiques dithyrambi­ques) puis l’Amérique — Eddie est nommé guitariste de 1978 dans la Bible Guitar Player — puis le monde, et l’Europe, ma foi, trouvera ces dandys caustiques et percutants tout à fait présentabl­es. Le destin des Van Halen (le groupe) est horrible. Ils subiront la malédictio­n du pharaon Jackson qui devait frapper Eddie, mais également Steve Stevens et Slash, et voir après son passage la brouille et la folie s’installer dans de solides amitiés de groupe.

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